lundi 15 juin 2020
Le discours de Macron.
Encore un !
Mais il faut reconnaître que notre Petit Prince est fort malmené depuis deux
ans. Après la marche du pharaon devant la pyramide du Louvre en 2017, l’aventure
macronienne tourne à la traversée du désert, l’obligeant à monter au créneau
jusqu’à épuisement.
Que retenir de
ce énième laïus, que j’ai réussi à écouter à peu près jusqu’au bout ?
Au moins trois
bonnes choses :
-d’abord son
refus de céder à la folie racialiste et antifrançaise qui sévit depuis deux
semaines, et sa volonté affirmée de défendre notre histoire, ses monuments et
ses grands hommes. Même s’il faudra du temps pour me faire oublier sur ses
propos repentants de 2017 en Algérie, voilà qui m’est allé droit au cœur.
Sincérité ou calcul politique ? Peu importe s’il fait le bon choix à mes
yeux. Infiniment plus courageux que ce cloporte de Jean-Marc Ayrault qui
voulait qu’on déboulonne Colbert. Pauvre type ! Aussi nul dans l’opposition
qu’au gouvernement.
-sa défense des
forces de l’ordre, jetées en pâture par un certain discours anti-flics alors qu’elles
sont à bout de force. C’était bien le moins, si le régime veut encore être
défendu ! Mais pourquoi pas un geste plus fort, comme la démission de
Castaner ? Sans doute parce que ce Ran-Tan-Plan de LREM n’avait fait jusqu’ici
qu’obéir à son maître.
-sa volonté d’accélérer
la reprise des activités économiques, quitte à envoyer valser quelques
principes de précaution sanitaire qui confinaient (c’est le ca de le dire) au
ridicule. Cela passe par une rentrée obligatoire des élèves des écoles et
collèges dès le 22 juin, ce qui est assez ridicule quand on sait que les
vacances arriveront deux semaines après, au plus tard. Surtout au collège où
les conseils de classe sont passés, où les manuels ont été rendus et où le
brevet a été refilé par contrôle continu pour les 3e. Je plains les malheureux
collègues qui vont devoir bosser dans ces conditions ! Et je m’interroge
une fois de plus sur ce mépris total des conditions réelles d’exercice du
métier d’enseignant émanant de nos plus hautes autorités, qui n’ont pourtant à
la bouche que « le rôle essentiel de l’école ». Traduisez : rôle
essentiel de garderie et de machine à distribuer des bouts de papier appelés « diplômes »
destinés à nous faire mousser dans les statistiques de l’OCDE. Par contre,
quand on vérifie le niveau…mais passons. La moindre des choses seraient au
moins de revoir les calendriers scolaires, en reportant le plus tard possible
les conseils de classe et les examens de fin d’année, après les dernières
heures de cours. Mais bon…les facs et les grandes écoles ont imposé leurs
contraintes, car on sait très bien au fond que c’est là que les choses
sérieuses commencent en France, qui ne cesse décidément de copier le désastreux
modèle américain.
Pour le reste,
nous sommes dans le flou.
On nous promet
un gros effort de croissance, tout cela dans une perspective écologique et de
souveraineté nationale, mais sans augmenter les impôts et avec l’aval de nos
partenaires européens. Ce n’est pas gagné ! Par ailleurs, comment miser
sur le tout-électrique en matière de bagnole alors que l’on veut réduire la
part du nucléaire dans le bouquet énergétique français ? Et que faire des
centaines de milliers de véhicules thermiques neufs dont le gouvernement ne
veut pas encourager l’achat à la hauteur de ce qu’il veut accorder aux voitures
électriques, plus chères au départ et peu accessibles pour de nombreux Français
par ailleurs éprouvés par la crise ? Et produire en France, c’est bien
joli, mais quand les chaînes de production ne sont pas adaptées et que des
entreprises, comme Peugeot, virent leurs intérimaires français pour les
remplacer par des CDI allemands ou polonais, on ne voit pas comment cela peut
soutenir l’emploi national. Certes, le gouvernement fait les gros yeux à
Peugeot, mais un Etat qui se couche devant le privé depuis des lustres
impressionne-t-il encore ?
Macron nous
promet aussi un « big-bang » institutionnel, avec encore une dose
décentralisation, selon des modalités qui restent à définir. Le vieux jacobin
que je suis ne peut que tiquer. Et quand bien même serais-je convaincu des
bienfaits de la décentralisation, j’aurais quand même des doutes, tant ce
mouvement amorcé depuis 1982 depuis Paris correspond en fait à une volonté de l’Etat
central de se débarrasser de certaines charges. Après avoir malmené les élus
locaux, Macron les flatte pour leur refiler de nouvelles corvées.
Au final, bilan
très mitigé. Et un grand flou artistique qui ne me dit rien de bon, surtout en
matière de droits sociaux. Car il faut bien « remettre la France au
travail », comme disaient Daladier en 1938 et Raffarin en 2003 !
L’ONU
monte au créneau…
Le « machin »,
comme l’appelait De Gaulle, va donc se saisir de la grave question du racisme
et des violences policières. Je suppose que l’on va traiter toutes les
dimensions du problème sur tous les continents, traquer impitoyablement les
actes racistes d’où qu’ils viennent et la brutalité des forces de l’ordre dans
tous les pays du monde, en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique
latine…A moins que, chose curieuse, on ne s’en prenne qu’aux pays occidentaux,
comme d’habitude ?
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