mardi 14 avril 2020

Confinement J+29


mardi 14 avril 2020

            Confinement J+29.

Le Petit Prince, qualifié de « médecin malgré lui » en une du dernier numéro de Causeur, a donc une fois de plus parlé à la nation hier soir. Passé le blabla et les remerciements rituels –mon Dieu que ce fut long !- on est enfin rentré dans le dur : sortie du confinement prévue, si tout va bien, le lundi 11 mai. Les écoles, collèges et lycées devant rouvrir au plus tôt, afin « d’éviter de creuser les inégalités », dixit notre nouveau champion des nobles causes sociales.
De fait, si le confinement a souligné les inégalités entre les Français dans tous les domaines, il ne faut quand même pas nous prendre pour des cons. La réalité, c’est que l’Education Nationale est devenue une vaste garderie distributrice de diplômes de plus en plus dévalués. Pour la distribution des diplômes, c’est réglé : contrôle continu et bienveillance pour tout le monde. Mais la garderie ? Pas le choix, amis profs, faut mériter ce pourquoi on vous paye vraiment : garder les mômes pour que leurs parents puissent aller bosser et faire tourner la machine.
Evidemment, ça gueule de partout : comment faire respecter les « mesures barrières », notamment dans le primaire ? Par ailleurs, les salles de spectacle, les cinémas, les bars et restaurants resteront fermés. Il est bien connu qu’une salle de classe, ou un étroit couloir d’établissement scolaire, sont bien plus sûrs en la matière ! Pas de panique, M. Blanquer nous promet des solutions : d’ici là, masques et gel seront fournis en masse, on réaménagera les emplois du temps pour faire cours en petits groupes, et tout le monde ne sera pas obligé de venir. Un beau bordel en perspective, comme seul le mammouth démago peut en produire !
            En fait, nous continuons à naviguer à vue dans tous les domaines, sans aucun recul ni réflexion courageuse. Comme je l’ai déjà évoqué dans une chronique précédente, il ne faut pas se faire d’illusions sur le « Monde d’après ». Tout au plus, dans le domaine médical, sera-t-on un peu moins pingre avec les hôpitaux publics et plus souverainiste en matière de production de certains matériels et médicaments. Pour le reste, la mondialisation sauvage repartira de plus belle, et l’on prétextera l’état catastrophique de l’économie pour démolir ce qui reste d’acquis sociaux : se retrousser les manches, comme disait Thorez en 1945, mais avec le Medef et les marchés aux commandes, sans plus de Sécurité Sociale.
            La lutte contre le virus, qui prend des formes de propagande absolument grotesque dans les  médias « mainstream » et sur les affichages urbains, va aussi permettre à ceux qui nous gouvernent de renforcer le contrôle social sous prétexte sanitaire : drones omniprésents, applications de flicage sur smartphone, fichage renforcé de tous. Les vieux pas trop fortunés, qui n’intéressent pas nos maîtres (s’ils ne sont pas de leur famille), parqués dans les Ehpad ou cloîtrés chez eux, verront leur mortalité croître, sinon du virus, du moins d’autres pathologies que l’on se soignera pas, car il y a tellement plus urgent, pas vrai ? Et s’ils ne sont pas malades, la déprime et l’isolement les achèveront d’ici Noël. Le Petit Prince se consolera ainsi de l’ajournement de la réforme des retraites, puisqu’il y aura bien de moins de retraités à entretenir. Mais il est bon prince, notre petit monarque : les proches de ces vieux pourront leur rendre visite…quand ils seront à l’agonie !
            Pour finir, quelque chose m’a frappé dans les chiffres présentés tous les jours sur cette pandémie, dans tous les médias ou presque : aucun pourcentage. Il a fallu, pour que j’en trouve, attendre le dernier numéro de Marianne (et encore, uniquement à l’échelle régionale), pour comparer la mortalité entre territoires. C’est pourtant la base d’une analyse ou d’une présentation scientifique d’un phénomène : ne jamais s’en tenir à des données brutes, mais établir des ordres de grandeur, calculer des pourcentages, qui seuls peuvent permettre des comparaisons pertinentes…et donc relativiser, au sens propre du terme.
Prenons l’exemple des données fournies par Wikipédia (mise à jour ce 14 avril à 11h40).
Dans le Monde, le Co-vid19 a causé 120 000 morts en trois mois…quelle horreur ! Sauf que, en % de la population mondiale, cela fait 0,00016 °/°° Nettement moins effrayant, non ? Et à comparer avec toutes les autres causes de mortalité –sans même évoquer les autres grandes épidémies de l’Histoire. Si on nous annonçait, tous les jours, les chiffres des victimes d’accidents de la route, du tabac, de l’alcool ou de diverses violences, nous obtiendrions un même effet anxiogène…du moins pendant un moment. Pendant la guerre de 1914-18, la France a encaissé en moyenne 900 morts par jour du seul fait du conflit, et il s’agissait d’hommes jeunes qui n’auraient pas dû mourir en temps normal. Ce fut atroce, mais le pays ne s’est pas arrêté de tourner, bien au contraire ! La pandémie actuelle, dans ses pics, a tourné autour de ce chiffre dans notre pays, fauchant en majorité les plus fragiles.
Tout cela pour dire que la présentation des faits est extrêmement subjective et que l’on peut s’interroger sur le choix délibéré qui a été fait d’affoler le bon peuple. Seule explication qui ne soit pas trop complotiste : faute de masques, de respirateurs, de tests, de place dans les hôpitaux, d’informations assez solides sur un virus mutant, et surtout de courage politique pour avouer ces déficiences, on nous a d’abord bourré le mou dans un sens, puis dans l’autre.
Pas glorieux, au final !

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