dimanche 19 janvier 2020

Le petit Théâtre de Macron


dimanche 19 janvier 2020

            Macron, homme de théâtre.

Les derniers évènements confirment la passion de notre Prince Président pour le théâtre, ou plutôt du « show », à la limite du cirque.
Lundi dernier à Pau, à l’occasion du « G5 Sahel » prévu plus tôt mais finalement reporté, il a fait son numéro devant la petite classe africaine, en mettant les petits plats élyséens dans le déco du château du bon roi Henry. Les gazettes ont titré sur un « tournant » dans la politique menée par la France en Afrique. Ah bon ? L’habitant du coin, comme moi, aura surtout été frappé par le verrouillage policier des grandes voies de circulation, qui l’a obligé à mettre ¾ d’heure de plus pour renter chez lui ce soir là. Il paraît que c’était à cause du Secrétaire Général de l’ONU, invité surprise et ô combien utile de cette sauterie diplomatique. Merci Macron !
Je me suis donc senti bien vengé quand un groupe de vilains contestataires est venu, vendredi soir, troubler la soirée théâtrale de notre Petit Prince, venu cette fois en spectateur avec la première Dame assister à une représentation de la Mouche (d’après une nouvelle de George Langelaan qui n’est pas sans rapport avec le film de Cronenberg, puisqu’il s’agit de l’histoire d’un type qui se change en bête) au théâtre des Bouffes du Nord. Les grincheux n’ont occupé qu’un bref moment l’entrée du théâtre, mais ce fut suffisant pour faire évacuer le couple présidentiel dans les étages, avant que les gêneurs ne soient expulsés.
C’est là que le « show » commence, avec la complicité de nombreux médias. Un président héroïque, de vilains harceleurs (dont le « leader » n’a pas tardé à être jeté au cachot), emblématiques d’une époque malsaine où la « République » et la « Démocratie » sont prises en otages par des groupuscules extrémistes. Ah, ces vilains cégétistes venus reprocher à la CFDT, dans son propre QG, son petit « jeu de rôle » avec Edouard Philippe sur la question de l’âge pivot !
Et les journaux télé de passer en revue toutes les actions « coups de poings » des « jusqu’au-boutistes » hostiles à la réforme des retraites, du Louvre aux raffineries en passant par les dépôts de bus, sans oublier un début d’incendie criminel à la brasserie de la Rotonde, temple des agapes macronistes. Sacrilège !
Et pas un commentaire pour s’interroger sur le pourquoi de tout ceci, bien sûr.
Du théâtre, rien que du théâtre !

            Rage sociale.

Le fond du problème, on le sait, est politique et idéologique. Nous avons au pouvoir une majorité élue par la grâce du système bien peu démocratique de la Veme  république, et une équipe chargée de détruire le modèle social français au nom d’un libéralisme européo-atlantique qui n’agrée en fait qu’à un petit cinquième –et encore, je compte large- du corps électoral. La réforme des retraites, comme les autres, est emblématique d’une façon de procéder : délibérément floue, faussement consultative, arrogante....
Lorsque le Premier Ministre (surnommé fort justement « l’Exécuteur » par Marianne) retire « provisoirement » son totem de l’âge pivot pour laisser débattre les partenaires sociaux, c’est à la condition que ceux-ci se plient aux mêmes contraintes qu’il s’est lui-même fixées : ne pas augmenter les cotisations pour ne pas augmenter le coût du travail, ne pas baisser les pensions, etc…Une série de chicanes qui doit mener le véhicule vers un « âge d’équilibre », qui remplacera « l’âge pivot » comme les « régimes spécifiques » remplaceront les affreux « régimes spéciaux ».  Vous avez dit foutage de gueule ?
Grèves et défilés, qui d’ailleurs s’épuisent comme il fallait s’y attendre, après avoir coûté cher à notre économie et à ceux qui se sont mobilisés, n’ont donc pas débouché sur autre chose que quelques arrangements. Place au débat parlementaire, nous dit-on, et vive la démocratie !
Certes, mais là encore, avec une majorité jusqu’ici assez disciplinée, et que l’on musèlera si besoin à grands coups de 49.3, l’issue ne fait pas de doute.
Aux vrais opposants de ce gouvernement ne reste que deux possibilités, l’une n’excluant pas l’autre :
-les prochaines échéances politiques : un seul mot d’ordre : faire barrage à tous les macronistes et assimilés, et ce jusqu’en 2022.
-les opérations commando-médiatisées, si possible non violentes, mais…
            Il paraît que si Macron a lâché quelques milliards aux Gilets Jaunes, c’est parce qu’il a eu peur. Faisons donc en sorte qu’il ait la trouille.

            Les E3C.

Ce sigle barbare, pondu dans les cerveaux enfumés de la technocratie Ed’Nat’, commence à être connu du grand public par le mouvement de rejet qu’il suscite chez les profs, les élèves et leurs parents. Sorte de partiels appliqués au lycée dans la confusion la plus totale, ce machin est une horreur bureaucratique. Vous trouviez que l’ancien système relevait de l’usine à gaz ? Le nouveau bac vous offre une raffinerie !
Le bon sens aurait été d’aménager l’année en semestre, avec des programmes adaptés, en laissant les établissements gérer leurs épreuves et leur calendrier.
Mais non : des programmes énormes, un calendrier trimestriel inadaptés, un système de choix de sujets dits « nationaux » totalement ubuesque.
Donc, sabotons joyeusement ce beau foutoir !

            Ségolène virée.

Quand luttera-t-on enfin sérieusement contre les violences faites aux femmes ? Une pauvre ambassadrice déléguées aux pôles, les régions les plus hostiles du globe, harcelée pour de basses histoires de détournement de fonds, après avoir été plaquée par un compagnon volage et cruellement battue par un petit homme agressif, est maintenant mise à la rue pour avoir seulement osé exprimer des réserves sur la politique du gouvernement. ♯segofemmebattue.fr
           

Une Inde vraiment écolo.

Tandis qu’en Occident s’agitent des écolos en peau de lapin, transis d’amour pour une gnome scandinave, en Inde on passe aux choses sérieuses : deux enfants par couple, sinon gare aux sanctions ! Rappelons que les 1eres politiques antinatalistes indiennes datent de 1974, et se contentaient jusqu’ici d’être incitatives On passe le braquet supérieur, dans un pays surpeuplé et pollué où l’on sait ce qu’écologie veut dire : science des grands équilibres naturels.

            Iran/Etats-Unis : le cadeau des mollahs à Donald Trump.

C’était la boulette à ne pas commettre pour un régime aux abois : abattre par erreur un avion ukrainien et ses 179 passagers et membres d’équipage, dont 82 Irano-canadiens. L’unité nationale affichée après la mort de Soleimani vole en éclats, l’opposition reprend sa lutte. Et Trump remonte dans les sondages aux States, d’autant plus que la fameuse riposte iranienne a manqué de crédibilité : une attaque de missiles contre des bases américaines en Irak, gentiment prévenues à l’avance par l’intermédiaire d’un gouvernement irakien pris entre deux feux afin de ne pas faire trop mal quand même.
En ce qui me concerne, je suis très partagé : autant je n’ai guère d’empathie pour la théocratie iranienne, autant je redoute une implosion de l’Etat iranien qui favoriserait l’axe sunnite réactionnaire, qu’il soit pro-saoudien ou pro-turc.

            Le retour ottoman en Tripolitaine.

Erdogan, animé par son ambition démesurée et son appétit pour l’immense champ gazier découvert en Méditerranée orientale, a profité du retour des islamistes au pouvoir à Tunis pour avancer ses pions. Des armes et des combattants (de sympathiques djihadistes syriens exfiltrés devant l’avancée des troupes de Bachar) ont donc débarqué en Tunisie pour rejoindre les forces qui défendent encore le gouvernement « légitime » de Fayez El Sarraj. Objectif : empêcher l’armée du maréchal Haftar, soutenu par l’Egypte et la Russie, de reprendre le contrôle de toute la Libye. 119 ans après avoir été mis dehors par les Italiens, les Turcs sont de retour ! Les conséquences de la chute de Kadhafi n’en finissent plus de nous surprendre…

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