samedi 17 mars 2018
Le fantasme d’un nouveau mai 1968.
Un certain
nombre de syndicats de gauche appellent à la grève pour ce jeudi 22 mars, non
sans évoquer avec gourmandise que c’est un autre 22 mars, en 1968, qui a lancé
le grand chambardement que tout le monde connaît. A mon humble avis, cela
relève du fantasme pur et simple, et ce pour bien des raisons.
D’abord, la très
faible politisation des Français d’aujourd’hui, et notamment des jeunes,
comparée à celle de leurs aînés. La fameuse « aliénation » dénoncée
par les soixante-huitards a joué à plein depuis cinquante ans, dans une société
hyperconsumériste que les chevelus de l’époque ont été bien incapables d’entraver,
quand ils n’ont pas purement et simplement contribué à l’aggraver. En clair,
plus grand monde n’est prêt, dans la France actuelle, à perdre du temps, de l’argent,
et a fortiori prendre des coups, pour des lendemains dont on est pas sûr du
tout qu’ils chantent en quoi que ce soit. Le naufrage des grandes utopies,
marxistes, maoïstes, guévaristes ou chavistes, est passé par là.
Ensuite la très
grande fragmentation des mécontentements. Ceux-ci sont pléthoriques, mais
comment constituer un front commun entre les retraités (grands cocufiés du
macronisme), les fonctionnaires, les cheminots, les précaires, les paysans, les
habitants des zones rurales ou périurbaines, les adversaires de la politique
migratoire du gouvernement (de l’extrême-gauche sans-frontiériste à l’extrême-droite
expulsionniste), les Mélenchon, Le Pen, Wauquiez et consorts ?
Si on additionne
tout cela, Macron devrait déjà être pendu à un croc de boucher. Il a d’ailleurs
atteint le même niveau de rejet qu’Hollande après autant de temps passé à l’Elysée.
Mais le Prince-Président dispose de la force de frappe de nombreux médias amis,
de la complaisance du show-biz et des milieux d’affaires, et bien entendu du
mécanisme quasi-autoritaire de notre monarchie républicaine. Il n’est pas
étonnant, dans ce contexte, de le voir partir en guerre contre les « fake
news » à l’approche des prochaines élections. Le contre-pouvoir des médias
alternatifs est le seul rempart à son hégémonie.
Corée du Nord : tout ça pour ça ?
Comme je le
supposais depuis le début, les lancers de missiles de Kim Jong Un relevaient
largement de l’esbroufe. Finalement, il propose à Trump de le rencontrer pour
discuter de tous les problèmes qui empoisonnent les relations entre PyongYang
et Washington. Les Iraniens doivent se mordre les doigts de ne pas avoir la
bombe atomique : c’est le joker absolu !
Législatives italiennes.
Une belle baffe
pour les libéraux de tout poil, avec la victoire de la Ligue et du Mouvement
Cinq étoile. Mais quelle majorité former ? Cela rejoint l’analyse
développée plus haut pour la France : un conglomérat de mécontents ne fait
pas une majorité de gouvernement.
Anti-russisme primaire.
L’affaire de l’empoisonnement
d’un transfuge russe et de sa fille en Angleterre a déclenché une nouvelle crise diplomatique
entre les puissances occidentales et la Russie. Haro, une fois de plus, sur le
vilain Poutine qui assassine ses opposants !
Sauf que…Quel
est donc l’intérêt de Moscou d’abattre de manière aussi grossière un ancien
espion, traître à son pays certes, mais échangé contre des agents russes il y a
longtemps, n’ayant plus aucune valeur ? Et tout cela alors que la Russie
est une fois de plus mise en accusation pour son aide à Bachar en Syrie, à la
veille des élections présidentielles russes, à quelques mois du mondial de foot
au pays des Tsars ?
Une fois de plus,
je ne peux qu’avoir des doutes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire