dimanche
5 novembre 2017
Sélection, mot
tabou.
Parler de sélection dans le milieu scolaire, c’est
un peu comme évoquer la sexualité à l’époque victorienne. Tout le monde y
pense, tout le monde en rêve, mais il ne faut surtout pas en parler. « Il
y a des lieux pour cela, voyons ! »
Est-ce la passion égalitariste française, ou la peur
maladive d’un vaste mouvement de grogne d’une jeunesse habituée à être
hypocritement cajolée depuis les années 1970 ? La seule idée de mettre en
place une forme quelconque de sélection à l’entrée en fac hérisse le poil des
syndicats de gauche, étudiants et enseignants, relayés par toute une galaxie d’influence
bourdieusienne. Le gouvernement n’ose lâcher le mot tabou, et préfère évoquer des
« attendus », qui permettraient à certaines filières de ne pas
accepter n’importe qui, et donc de mieux recevoir ceux qui veulent, et surtout peuvent,
vraiment être là. Le bac ne jouant plus du tout son rôle d’origine, à savoir s’assurer
que les candidats aux études supérieures ont bien le niveau requis, les
universités sont donc surpeuplées, avec un taux d’échec de 60% en deux ans. La
catastrophique rentrée universitaire de cette année est venue démontrer l’inanité
d’un système à bout de souffle, réduit à pratiquer un scandaleux tirage au sort.
Faut-il rappeler aux bonnes âmes que, malheureusement, toute la vie n’est que
sélection, consciente ou inconsciente ?
On ne naît pas tous beaux, intelligents, sportifs,
séduisants, optimistes, riches, et on ne deviendra pas tous des superstars dans
le domaine de notre choix. Le droit au bonheur, et à une vie digne, est une
belle conquête de nos ancêtres. Mais cela ne signifie pas le droit à tout et n’importe
quoi, sans trop se fatiguer de préférence. Nous sommes tous, à un moment donné, renvoyé à
nos capacités fondamentales et à notre force de travail, dans un contexte que
nous ne maîtrisons pas.
Peut-on obliger un employeur à embaucher quelqu’un
qui lui paraît incompétent ? Peut-on obliger un consommateur à acheter un
produit dont il n’a pas besoin ? Un homme ou une femme à coucher avec
quelqu’un qui le ou la désire, alors qu’il ou elle n’en veut pas ?
Et que dire de tous ces jeux du cirque télévisuels,
où la sélection des « meilleurs » est le maître mot ? Foin d’hypocrisie…
Frère Tariq trahi par sa trique.
Pauvre frère Tariq, victime d’un odieux complot
sioniste ! La méchante Caroline Fourest, les diaboliques mécréants de Marianne et de Charlie Hebdo, les affreuses chiennes lubriques qui se plaignent d’avoir
été victimes de son ardeur virile. Qu’Allah les maudisse !
Tariq Ramadan est un Saint Homme, défenseur d’un
Islam mo-dé-ré ! Puisqu’il nous le dit sur les plateaux télé occidentaux,
enfin ! Et avec la caution des plus grands intellectuels français :
Edgar Morin, Edwy Plenel, Alain Gresh, Pascal Boniface…Que des gens sérieux,
qui nous répètent depuis des lustres que tout ce qui va mal dans le Monde
arabo-musulman est dû à Israël et à l’impérialisme américain. Les Frères
Musulmans ne sont rien d’autre que des justiciers sociaux teintés de religion.
Tariq et Hani Ramadan sont leurs plus brillants porte-paroles. Avec un nom
comme le leur, on ne saurait être impur. Et si, parfois, quelque pulsion les
pousse à sauter sur une fille, c’est que celle-ci les a provoqués. Non ?
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