mercredi 1er mars 2017
2017 : ça pue comme en 2002.
Je ne parle pas
ici du résultat du 1er tour, qui n’a pas encore eu lieu, mais du
climat malsain qui a régné dans notre pays entre les deux tours de la
présidentielle il y a de cela 15 ans. Rappelez-vous, c’était à l’époque l’Union
sacrée : tous les partis de gauche, à l’exception de Lutte Ouvrière,
quasiment tous les syndicats politisés, les associations antiracistes et
religieuses, le patronat, les publicitaires, les grands médias (internet ne
jouait pas encore son rôle de contre-pouvoir, comme il le fera lors du
référendum européen de 2005)…il ne manquait que 30 Millions d’Amis ou l’Amicale
bouliste du Bas Poitou : tous appelaient « faire barrage à la Bête
immonde » et à voter en masse pour Jacques Chirac, qualifié pourtant, peu
de temps auparavant, de « Super Menteur » par les Guignols de l’Info,
maître-étalons du prêt-à-penser germanopratin, et rois du lynchage
humoristique.
Les
manifestations se succédaient, le journal de France 2 consacrait au moins dix
minutes par jour au décorticage féroce du programme de Le Pen. Et Jacques
Chirac, qui avait pourtant fait le score le plus péteux de tous les présidents
sortants de la Ve république (19%), fut réélu dans un trône africain (81%). Les
doux rêveurs qui pensaient que cet électrochoc allait au moins avoir l’effet
positif de faire réfléchir nos dirigeants au malaise déjà profond de notre pays
en furent pour leurs frais. On repartit comme en 40 avec une belle majorité de
droite libérale, pour une gestion pépère du capitalisme européo-compatible.
L’hystérie
post 21 avril 2002 est de retour en 2017. Le match est déjà joué, ou presque.
Fillon, plombé par sa probable mise en examen, ne pourra pas jouer le rôle de
Chirac. Même s’il a déclaré, en totale contradiction avec ses beaux principes,
qu’il n’abandonnerait pas la course dans ce cas-là, les lâchages qui se
multiplient autour de lui le condamnent presque à coup sûr. Le Sauveur, tout le
monde le sait, c’est Macron, béni des libéraux, des marchés financiers et de
tout ce que le pays compte de « gens raisonnables ». Certes, il
commet encore quelques maladresses en voulant faire plaisir à tout le monde,
mais tout lui sera pardonné dans le terrible combat à venir contre l’Antéchrist
de notre République finissante : Marine Le Pen.
Contre
elle aussi, juges et journalistes se déchaînent, mais la bougresse les envoie
paître, forte de la confiance de sa base électorale, infiniment plus convaincue
que celle de Macron, que Bayrou, avant de le rallier, qualifiait à juste titre
d’ « hologramme » au service de la mafia bancaire. Elle dispose
aussi de la « fachospère », utile réseau de contre-propagande pas
forcément plus désinformateur que les médias dits « sérieux ». Les
excités de l’ultragauche, alliés aux voyous de banlieue suite à l’Affaire Théo
(dont on apprend peu à peu qu’il n’était pas le « bon petit »
que l’on croyait, même si ça ne justifie pas une matraque dans le derrière),
ont quasiment les mains libres, en dépit de l’état d’urgence, pour faire régner
le chaos et la terreur dans toutes les villes où la candidate du FN a décidé de
se rendre. Et ces gaillards prétendent, quand on les interroge, lutter « pour
la démocratie » et « contre la haine » ! Il faudra m’expliquer
en quoi cela est compatible avec l’agression systématique des forces de l’ordre,
le saccage des centre-villes, le pillage des magasins, ou l’attaque des bus
transportant des militants du camp d’en face. Si un militant du FN, ou un
simple sympathisant d’extrême-droite, se permettait le 10e du quart
de ces trucs-là, ce serait l’indignation générale des bien-pensants, et l’on
exigerait de Marine Le Pen qu’elle renonce à se présenter. La mauvaise foi est
d’ailleurs telle que l’on a vu Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national
du PS, tenir Marine Le Pen pour responsable des violences commises à Nantes,
compte tenu des menaces proférées par les « antifas ». Fallait pas y
aller, Madame, vous avez provoqué ces braves jeunes gens ! Les mêmes à qui
l’on pardonne tout, et chez qui il faut à toute force éviter de causer le
moindre dommage, tant ils seront prompts à se trouver des martyrs (Saints
Méric, Fraisse et Oussékine, priez pour nous !)
Dans la même
veine, les propos accablants de la star du « Bondyblog », Mehdi
Meklat, qui s’est répandu pendant des années sous un pseudo connu de tous en
injures racistes, sexistes, homophobes, antisémites et islamo-nazies, ont été
soigneusement minimisés, voire étouffés, par la petite caste des gens qui
pensent bien, de Pascale Clarke à Christiane Taubira.
Alors que le
moindre tweet d’un quelconque frontiste est immédiatement envoyé à la figure de
Marine Le Pen et repris sur toutes les lucarnes subventionnées par l’Etat et
stipendiées par le capitalisme occidental. Vous n’avez pas honte d’avoir ça
chez vous, Madame ?
Au 2e
tour de la présidentielle de 2002, j’ai voté nul. Je ne voulais ni d’un escroc
(Chirac), ni d’un « facho » (on ne disait pas encore « populiste »).
J’ai donc réitéré mon vote du 1er tour, Jean-Pierre Chevènement…mais
j’ai été par la même récupéré, à mon corps électoral défendant, par tous ceux
qui appelaient à une participation massive pour empêcher la France de basculer
dans le IVe Reich (si, si, il y en a qui y croyaient !).
Maintenant, c’est
dès le 1er tour que les « défenseurs de la République »
sont sommés de « voter utile »…Comprenez : pour le candidat
adoubé par le système libéral bruxello-compatible. Même le gentil Hamon,
survivance des années « Touche pas à mon pote », est déjà la cible
des critiques, et sera sous peu incité à soutenir Macron. Les artistes se sont
déjà lancés dans la croisade, entre le film de Lucas Belvaux (Chez
Nous) et diverses BD (La Présidente –et
sa suite- ou La face crashée de Marine Le
Pen), sur le ton du « on vous aura prévenu ! »
En ce qui me
concerne, même si je ne rejette pas toutes ses idées (notamment sur le plan
éducatif), je ne crois pas que Marine Le Pen soit une bonne candidate à la
présidence de la République. Elle n’est pas plus honnête que les autres, manque
dramatiquement de cadres compétents, et ne semble pas capable, même si elle
séduit une partie des couches populaires méprisées par nos élites, de
rassembler une majorité digne de ce nom. Mais elle a droit à un traitement
équitable dès lors qu’elle appartient à un mouvement politique légal et
reconnu.
Une égalité de
traitement dont nos médias, suivant les nouvelles règles de pseudo-équité
dictées par le CSA, qui ne profitera pas aux nombreux petits candidats, que l’on
a choisi d’ignorer : les Poutou, Arthaud, Dupont-Aignan et autres, sont traités avec tout le mépris
dont notre belle démocratie est capable.
C’est pour l’un
d’eux que je voterai au 1er tour, avant d’aller rejoindre la horde
de ceux que l’on appelle le PRAF, ou mouvement des Plus Rien à Foutre. Car soyons
clairs : si le vrai pouvoir est à Bruxelles, aux mains des marchés
financiers et des actionnaires des multinationales, à quoi bon voter ? Pourquoi sauver une démocratie déjà morte, ou un régime corrompu jusqu’à la moelle ?
Si tu veux le
pouvoir, citoyen prolétaire, suis les conseils de l’ami Macron, qui nous « aime »
tellement : deviens milliardaire ! Tout le reste n’est que poudre aux
yeux et jeux du cirque.
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