mercredi 30 novembre 2016
Cuba qui pleure, Cuba qui rit.
Le Lider Maximo
a cassé son cigare le week-end dernier, provoquant des réactions pour le moins
partagées. Ses adorateurs, à Cuba et en Europe occidentale (notre Mélenchon en
tête, tout ragaillardi par le récent ralliement des militants communistes à sa
candidature, contre l’avis du QG du PCF), pleurent le décès du « camarade
Fidel », celui qui a tant fait pour le peuple cubain en lui donnant à
manger, en l’éduquant, en le soignant, et venant en aide aux damnés de la Terre
tiers-mondiste. Ses contempteurs, notamment les exilés cubains de Floride et
les libéraux de tous les horizons, se félicitent de la mort d’un dictateur
violeur des libertés, exportateur de plus d’hommes en armes que de médecins, et
font remarquer lourdement que les hommages les plus appuyés à Fidel Castro sont
venus de riantes contrées démocratiques telles que la Russie, la Chine, l’Iran
ou la Corée du Nord.
Personnellement,
je suis bien en peine de trancher, étant de fait d’accord avec les deux camps !
Je n’ai donc pas pleuré, et je n’ai pas sauté de joie. Le vieux Castro, de
fait, était déjà mort politiquement. Son frère Raul avait pris depuis longtemps
la relève, et Cuba s’achemine lentement, mais sûrement, vers une intégration au
meilleur des mondes capitalistes. La suite dira si les habitants de l’île
regretteront avant peu les joies du « socialisme tropical », comme il
y a des nostalgiques de l’ex-RDA en Allemagne.
Marre
des primaires.
Les lampions du
grand show de la droite ne sont pas encore éteints que s’allument déjà ceux de
la gauche. La Belle Alliance Populaire (défense de pouffer) montre déjà ses
plus belles facettes, avec des règlements de compte, des batailles d’ego et des
couteaux tirés jusqu’au sommet de l’Etat. Une trêve provisoire semble se
conclure entre Valls et Hollande, mais jusqu’à quand ? A mon avis, le
Premier Ministre a raté le coche depuis plusieurs semaines. La parution du
désastreux bouquin consacré au Président de la République était un prétexte en
or pour claquer la porte, et préparer sa candidature. Car on n’a jamais vu un chef du gouvernement sortant
l’emporter à la présidentielle. Rester jusqu’au bout, sous prétexte d’une « loyauté »
à laquelle personne ne croit, c’est couler avec le navire et endosser tout le
bilan d’un quinquennat foireux. Ceci étant, ce dernier est tellement lourd,
avec un tel déficit de popularité de l’exécutif, que les carottes sont cuites
pour 2017. Valls aurait sa chance en 2022, après avoir repris en main un PS en
ruines, comme le fit Mitterrand entre 1968 et 1971. Mais l’homme pressé de
Matignon ne semble pas avoir davantage le sens des réalités que son patron.
Hollande, pour
sa part, s’enfonce dans un délire psychotique assez étonnant pour quelqu’un que
l’on croyait –et qui se disait- « normal ». A sa place, j’aurais
depuis longtemps assumé mon impopularité, et annoncé que ce quinquennat serait
le seul, et que je le finirais dans le seul souci de mener à bien une politique
que je crois juste. Un tel choix, j’en suis sûr, aurait fait remonter sa cote
et lui aurait permis de sortir la tête haute. Mais ces hommes-là (Hollande,
Sarko, Valls et compagnie…) n’ont pas d’honneur, pas de dignité. Ils vont à la
gamelle, et s’y accrochent comme des clébards hargneux, jusqu’à ce que les
électeurs les en arrachent à grands coups de pieds au cul.
Plus largement,
je commence à être totalement écoeuré de ce gadget américain que constituent
les primaires. La 1ere expérience, celle des socialistes en 2011, n’avait pas
été trop mauvaise en elle-même. Mais dès lors que les deux camps se livrent à l’exercice,
et que les médias s’y intéressent avec toute la finesse et le recul qu’on leur
connaît, le « grand moment démocratique » devient un spectacle de
cirque interminable. Au lieu d’une élection présidentielle à deux tours, les
citoyens se voient accablés d’un parcours du combattant à six tours et
trente-six débats. Le Monde est prié de s’arrêter de tourner, la France prépare
2017 !
Fillon, dimanche
dernier, nous fut montré comme déjà président, suivi dans sa voiture par une
moto de journalistes. Vendre la peau de l’ours est devenu la spécialité de
certains, tandis que les chaînes d’infos continues déversent leur torrent de
vide. Transformer le corps électoral français en troupeau désabusé et
démobilisé, comme aux Etats-Unis, tel semble être l’objectif recherché. Avec la
même « surprise » au bout ?
De
quoi Fillon est-il le nom ?
Heureusement,
certains journalistes font leur travail, et publient des infos intéressantes.
Ainsi l’analyse détaillée du vote Fillon. Super Droopy a obtenu 2,9 millions de
voix dimanche soir. Sachant que le nombre total d’électeurs inscrits est de 45
millions (environ), on en déduira que le Comte de Sablé pèse à peu près 6,4% du
corps électoral. Le profil de l’électeur moyen « fillonniste » est un
retraité (55%), souvent catholique pratiquant, aux revenus nettement supérieurs
à la moyenne nationale.
Bref, Fillon a
été bien élu par la vieille droite, classique, libérale économiquement et
conservatrice en matière de mœurs, pas franchement portée sur le bling-bling.
Est-ce suffisant pour incarner un changement, prendre la tête d’un large
mouvement populaire ? Déjà, l’austère Sarthois met de l’eau dans sa vin
purgatoire, tant au niveau de sa réforme de la Sécu que dans les suppressions
de postes de fonctionnaires. Car l’animal a du flair : il sent déjà s’éloigner
de lui les centristes, qui ont voté Juppé et menacent de rallier Macron. Sans
leur apport, même modeste, et sans un minimum de voix des classes moyennes
inférieures, l’Elysée lui restera inaccessible.
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