mercredi 20 mai 2015
Quelle mobilisation contre la
réforme du collège ?
Hier, j’ai perdu
une journée de salaire et un peu de mon temps à me faire mouiller la couenne en
battant le pavé, en compagnie d’une maigre troupe de profs. Pour rien ? On
pourrait croire que oui : Valls et Najat-bouche-d’or font le forcing,
comme si de rien n’était. 50 ou 25% de grévistes, quelques milliers de
manifestants, cela ne peut suffire à les arrêter. Le décret est signé, il faut
le boire jusqu’à la lie.
Il est vrai que
la plupart des syndicats, orientés à gauche, sont gênés aux entournures à l’idée
de faire la guerre à un gouvernement « socialiste ». Et l’on nous
ressort la même rengaine, resservie à chaque fois dans les mêmes circonstances :
en fait les profs seraient plutôt favorables à la réforme, mais déploreraient
surtout la façon dont on l’appliquerait.
Dans les faits,
le SGEN est largement pour, le SNES plutôt contre, et le SNALC (auquel j’appartiens)
totalement contre. Si la grève et les manifs ne suffisent pas, ce dernier
propose de saboter le brevet des collèges de cette année (par ailleurs
totalement inutile).
En fait, la seule
chance de faire capoter cette monstruosité est de créer une mobilisation de
masse, avec tous les partis et les associations opposés à ce projet débile,
comme le proposait ce matin François Bayrou. Une sorte de remake de la « manif
pour tous », version scolaire ?
Mais l’idée de
faire cause commune avec la droite, voire l’extrême-droite, risque de paralyser
beaucoup de profs encore prisonniers de leurs chapelles idéologiques. La petite
manif à laquelle j’ai participé hier était à cet égard révélatrice : en
gros toujours les mêmes gauchos, de plus en plus désabusés, déboussolés,
écoeurés, avec une moyenne d’âge plutôt élevée. Les enseignants n’ont pas la
niaque, et encore moins la rage, des bonnets rouges.
Par ailleurs,
une droitisation du mouvement ferait le jeu du gouvernement en resserrant les
rangs de la majorité, qui finirait par faire de cette calamiteuse réforme une
sorte d’étendard progressiste, comme le fut la loi sur le mariage homo.
Le gros problème
dans tout cela, quelque soit l’idée que l’on se fait de ce que doit être le
système éducatif, est dans la réalité vécue au quotidien par les acteurs de ce
même système. Tant que l’on continuera à travailler dans la confusion, l’incohérence,
l’indiscipline et l’hypocrisie généralisée, rien ne sera possible.
L’Education
nationale aujourd’hui, ce sont les écuries d’Augias. Elle n’est plus réformable
au sens classique du mot. C’est d’un nettoyage à grande eau dont elle a besoin.
La
justice en question.
Que d’affaires,
ces temps-ci, reviennent sous les feux de la rampe ! Prenons-les dans l’ordre
chronologique.
-L’Affaire
Boulin : la mort éminemment suspecte de l’ancien ministre de Raymond
Barre, en 1979, ressort de l’oubli par la grâce d’un nouveau témoignage recueilli
par la fille de la victime. Il est vrai que les coupables potentiels de ce qui
ressemble à un meurtre déguisé en suicide, doublé d’un scandale judiciaire (la
disparition des scellés les plus indispensables à l’enquête) sont aujourd’hui
morts ou hors d’état de nuire. La mafia chiraco-pasquaïenne, de la grande
époque du SAC, est à peu près morte. Les langues peuvent se délier…enfin !
-L’Affaire d’Outreau :
le plus énorme ratage de la machine judiciaire française resurgit, suite à
la plainte pour viol déposée par les enfants Badaoui contre l’un des accusés.
Rappelons que les seuls auteurs avérés des viols sur mineurs étaient les
parents Badaoui eux-mêmes, qui avaient cru bon de salir une palanquée de
voisins et de vagues connaissances, dont ils ont saccagé la vie. Après avoir
été innocenté avec les autres, le malheureux Daniel Legrand se voit à nouveau
mis sur la sellette dans ce qui ressemble furieusement à de l’acharnement
judiciaire.
-L’Affaire Zyed
et Bouna : dix ans après la mort de deux gamins, grillés dans un
transformateur EDF (décès qui avait causé les pires émeutes dans les banlieues,
en 2005), la justice vient de rendre un non-lieu pour les policiers que les
parties civiles avaient poursuivis pour non assistance à personne en danger.
Evidemment, les associations gauchistes, les antiracistes professionnels et les
racistes anti-flics hurlent au scandale. Le Canard
enchaîné de cette semaine se joint au chœur en rappelant la phrase,
paraît-il accablante, envoyée par radio par l’un des policiers : « S’ils entrent sur le site EDF, je ne
donne pas cher de leur peau ! »
Et un avocat
excité d’embrayer hier sur France Inter sur une justice et une police « racistes »,
comme aux Etats-Unis, voire comme en Afrique du sud aux temps de l’Apartheid.
La lecture des
faits, exposés dans un article du Monde.fr,
permet pourtant de comprendre sans peine la décision du tribunal de Rennes.
Les gamins ont
détalé à l’approche de la police. Pourquoi ? Eux-seuls pourraient
répondre, mais ils ne sont plus en mesure de le faire. On peut néanmoins s’interroger
sur cette attitude, qui les a poussés à se planquer dans un endroit
ultra-dangereux. D’autre part, les flics n’ont pas vu les gosses entrer sur le
site, leur champ de vision étant bloqué par un grillage, un petit bois et le
mur d’enceinte du transformateur. « S’ils
entrent… » C’est une supposition, pas une certitude. Fallait-il que la
patrouille risque sa peau, elle aussi, dans l’espoir hypothétique de trouver
les deux gamins…qu’il aurait fallu interpeller pour violation d’un site
interdit, avec à la clé, probablement, une belle émeute de la cité dont ils
étaient originaires ?
Enfin, les deux
gugusses sont morts une demi-heure
après le passage de la patrouille. Qu’ont-ils donc trafiqué pendant tout ce
temps-là ?
De fait, même si
elle jette de l’huile sur le feu (c’est le cas de le dire), Marion Le Pen n’a
pas tort de dire que tout cela n’était que prétexte à une nouvelle « intifada ».
-L’Affaire
Kerviel : une commandante de police ose sortir du silence, et révéler qu’elle
avait eu des doutes, et plus ou moins subi des pressions, pour charger au
maximum le trader et innocenter la Société Générale. Info ou intox ? Nos
banquiers sont si pourris que l’on a peine à croire en leur belles paroles. A moins
qu’il ne s’agisse, comme le souligne cruellement le Canard, que d’une nullité crasse dans leur gestion !
Nation
mythique ?
Dans le débat
portant sur le programme d’Histoire au collège (et accessoirement au lycée), le
président du Conseil Supérieur des Programmes, le géographe Michel Lussault, s’est
déclaré résolument opposé à ce que l’on réintroduise le « roman national ».
Et il n’y va pas
avec le dos de la cuillère (cf Le
Monde.fr) :
« Faut-il
enseigner une nation française mythique qui n’a jamais existé ? »
Jamais existé ?
J’aimerais savoir ce que M. Lussault pense des nations allemande, japonaise, anglaise,
italienne, algérienne…Oserait-il affirmer que ces nations sont, elles aussi,
des « mythes » ? Je ne le pense pas. M. Lussault, comme de
nombreux universitaires français, a été élevé au lait du gauchisme
libéralo-mondialiste post soixante-huitard, baigné dans une certaine haine, ou
du moins un mépris, de la France et de son Histoire.
Tous les peuples
du Monde, y compris les communautés régionales françaises, ont droit à une
identité, une reconnaissance, un respect…sauf le peuple français. Faire partie
du peuple français, c’est justement adhérer à ce « roman national »
que M. Lussault et ses pareils veulent détruire, mais dont ils n’ont pas
compris l’intérêt profond. Tous les peuples du monde, y compris ceux dont l’émergence
est la plus récente, comme les Palestiniens (un peuple mythique, M. Lussault ?
Même Netanyahou n’ose plus le dire), se sont forgé une épopée, un récit
reconstruit, qui donne un sens à leur existence. Un récit constitué d’épisodes
plus ou moins authentiques, plus ou moins réinterprétés, mais qui doivent être
connus par tous les membres de la communauté, quelle que soit leur origine.
Une histoire
familiale, en quelque sorte, dont tous les humains éprouvent le besoin.
Le Monde idéal
de M. Lussault est un Monde de citoyens-nomades, de « citoyens du Monde »,
au pire de « citoyens européens », c’est-à-dire des citoyens de rien,
de partout et de nulle part. Un Monde de zombies manipulables, à la merci du
marché tout-puissant.
Pour arriver à
cela, il faut donc casser les repères, brouiller les cartes, déchirer les
pages. Comme on ne peut le faire partout à la fois, on commence par son pays.
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