mardi 27 mai 2014

Européennes : les vraies leçons du "séisme"

mardi 27 mai 2014

            Les vraies leçons du « séisme ».

Il ne fallait pas compter sur certaines éminences politiques ou médiatiques pour tirer les vraies leçons des résultats électoraux de dimanche soir. Copé, brûlant ses dernières cartouches, n’y a vu qu’un désaveu de la politique du PS. Le centriste Bourlanges refusait l’expression de « vague bleu marine » et prétendait que 75% des Français étaient encore hostiles au FN…avec 57% d’abstention, il faudra expliquer à cet ex-prof de Sciences Po Paris les subtilités de l’arithmétique électorale !
Côté pouvoir en place, deux numéros surréalistes : celui de Valls, dimanche soir, battait des records. Après avoir insisté sur l’importance du tremblement de terre politique, et prétendu avoir entendu le message des Français, le Premier Ministre a totalement éludé le sujet (l’UE) pour réaffirmer que la politique de son gouvernement était la meilleure, et qu’il fallait continuer comme ça. Autrement dit : « ces élections n’ont qu’une valeur nationale ; vous m’avez désavoué ; mais je continue comme si de rien n’était… » Belle démonstration d’autisme politique, que Pépère lui-même a presque égalée hier soir dans sa brève allocution télévisée. Intervention totalement inutile tant elle était creuse sur le fond et répétitive sur la forme : « va falloir qu’on pense à une autre Europe, mais ma politique est la meilleure…Circulez ! »
Côté opposition radicale, pas grand-chose à retenir non plus : Marine appelle pour la énième fois le gouvernement à démissionner et le président à dissoudre, après avoir bien entendu modifié le mode de scrutin afin de permettre au FN de gagner les prochaines élections législatives. Ben voyons ! Jean-Luc Mélenchon, lui faisait peine à voir, et son discours d’adieu à la classe ouvrière sonnait comme un aveu d’échec sur toute la ligne.
Seule chose positive : nous n’avons pas droit, comme en 2002, aux hurlements moralisateurs des bien-pensants, aux trémolos sur la « honte française », aux manifs de  lycéens et autres convulsions antifascistes ringardes. Car beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis 12 ans.
Il est temps d’en venir aux réalités. Et d’abord celles des chiffres : si l’on part de l’hypothèse que les électeurs qui n’ont pas voté sont, soit hostiles à l’UE, soit indifférents à ses institutions ; si l’on y ajoute les voix des listes radicalement critiques à l’égard de l’UE (FN, debout la République, Front de Gauche, Nouvelle Donne, etc…) ; le constat est sans appel : l’UE telle qu’elle est n’est soutenue que par 27 ou 28% des inscrits (et encore, car il faut faire la part des bons petits soldats qui sont allés voter par fidélité à leur parti, mais qui n’en pensent pas moins). C’est un rejet franc et massif, aux motivations diverses et parfois complexes, voire contradictoires, mais un rejet.
Le PS peut-il pour autant s’exonérer de ses comptes à l’échelle nationale ? Certainement pas ; Comme on le constate partout dans l’UE, toutes les majorités en place dont le bilan suscite la colère des peuples ont été sanctionnées (Royaume-Uni, Grèce…) A l’inverse, les dirigeants encore crédibles s’en sortent bien (Merkel en Allemagne, Renzi en Italie).
Même si les Eurosceptiques progressent, le rapport de forces au sein du parlement européen ne bouge quasiment pas, et le futur président de la Commission sera probablement un conservateur ou un libéral, ce qui ne changera rien non plus à la politique économique de l’Union.
Bref, beaucoup de bruit pour rien ? Probablement, car il est totalement illusoire de penser que Hollande, ou d’autres, vont être capables de prendre le taureau européen par les cornes.
Les peuples d’Europe n’ont rien à attendre de cet étouffoir de synthèse qu’est le parlement européen, pas plus qu’ils n’avaient à espérer du Congrès de Vienne, en 1815, de voir sortir autre chose qu’un « ordre des Princes »…aujourd’hui des Marchands.
C’est à chaque peuple de se prendre en main, comme le fit celui de France en 1789, et d’avoir le courage de proposer autre chose au Monde entier qu’une application médiocre de la loi des marchés.

Affaire Bygmalion.

            Cela n’aura donc pas traîné : le sieur Copé s’est fait sortir de l’UMP, remplacé par le triumvirat Juppé-Fillon-Raffarin. Sarko, éclaboussé par les dernières révélations de l’avocat de Bygamlion, la boîte des potes à Copé, se prend au passage un nouveau missile. Voilà au moins un contre-coup positif des résultats de dimanche soir !

L’Ukraine est chocolat.


            Le nouveau président ukarinien Petro Porochenko, un oligarque enrichi dans le commerce du chocolat, n’a pas traîné lui non plus. A peine élu, il lance une attaque de grande envergure contre les rebelles séparatistes dans la région de Donetsk. La Russie condamne, mais ne régait pas pour l’instant, négociations secrètes obligent. Dans toute cette histoire, ce sont les Ukrainiens, quel que soit leur bord, qui vont être chocolats.

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