jeudi 27 mars 2014

G8 - 1, cynisme et morale pour les municipales.



jeudi 27 mars 2014



                G8-1.



Entre autres sanctions symboliques et stupides contre Moscou, les Occidentaux en ont trouvé une belle : exclure la Russie du G8, snober la conférence prévue à Sotchi, et se réunir « entre gens biens » dans la bonne ville de Bruxelles. Un lieu bien choisi : la capitale de l’UE, le QG de l’OTAN. Plus que jamais, l’Occident affiche ses « valeurs ».

Après la guerre froide, une Russie affaiblie et humiliée, vendue à l’encan par les oligarques eltsiniens, avait reçu l’aumône d’un siège au club des « gentlemen ». Juste pour ne pas la vexer. On ne sait jamais ! Ces fichus moujiks avaient encore un bon stock d’armes nucléaires, et Hollywood jouait encore (ou déjà) à se faire peur avec d’horribles nostalgiques de l’URSS prêts à toutes les vilénies (voir Air Force One, avec Harrison Ford).

Maintenant qu’elle ne « joue plus le jeu » (dont la règle d’or est : le droit international s’applique à tout le monde, sauf aux Etats-Unis et à leurs bons amis), la Russie est mise au piquet. Tu pourras revenir jouer avec tes petits camarades, Vladimir, si tu arrêtes de faire le vilain et si tu viens t’excuser…compris ?

Mais Vladimir s’en fout. Le Monde a changé depuis 1991. Maintenant, il y a le G20, dont il fait toujours partie, avec ces nouvelles puissances montantes qui taillent des croupières à un Occident de plus en plus sclérosé. G8 – 1 = 0 ? Je n’irai pas jusque là, car les Etats-uniens ont encore bien des ressources, notamment morales. On ne peut pas en dire autant de leurs valets européens.



                Manœuvres municipales du 2e tour : entre cynisme et morale.



Hier sur Europe 1, faisant la promo de ses émissions « spéciales municipales », Jean-Pierre Elkabbach lançait, superbe : « Qui l’emportera : le cynisme ou la morale ? »

Compte tenu du logiciel politiquement correct intégré à notre fameux journaliste, il est facile de décrypter ce qu’il entend par là.

Les cyniques : les vilains, à droite comme à gauche, qui tenteront de profiter des triangulaires, quadrangulaires ou pentangulaires pour sauver leur siège, en présence du démon nommé FN. Parmi eux, les plus ignobles : ceux qui feraient alliance avec le diable !

Les moraux (ou vertueux) : ceux qui acceptent de se retirer, pour faire barrage à la peste bleu marine. Les gardiens du temple républicain, les chevaliers Jedi de la démocratie…n’en jetez plus, quel spectacle !

Dommage que tout cela soit bidon. Le cynisme en politique, me semble-t-il, c’est de faire campagne sur des thèmes auxquels on ne croit pas, de faire des promesses que l’on sait pertinemment ne pas pouvoir tenir. C’est aussi d’instrumentaliser une formation politique comme un repoussoir, un épouvantail, alors même que son existence est parfaitement légale, que son programme ne constitue en rien –même s’il peut être contestable sur bien des points- un péril mortel pour la démocratie. Le cynisme politique, c’est de diaboliser ce mouvement tout en espérant bien qu’il continuera à croître pour empoisonner vos principaux concurrents. C’est aussi d’espérer, comme le fait Hollande, que la droite emportera les élections locales (municipales aujourd’hui, cantonales et régionales demain), afin de lui faire porter le chapeau du futur plan d’économies budgétaires drastiques que concoctent les crânes d’œufs de Bercy. Tout pour plaire à Bruxelles, en attendant 2017.

Pour ma part, je ne vois rien de scandaleux à ce que quelques villes passent au FN. D’abord parce que c’est la règle du jeu démocratique…voilà pour la morale ! Ensuite parce que l’épreuve de la gestion des réalités fera le plus grand bien à cette formation, qui a fait son miel électoral de son exclusion des cercles du pouvoir. Rappelons-nous, même si cela agace Marine Le Pen, que la conquête de quatre municipalités du Sud-est par le FN, en 1995, s’était soldée par un fiasco lamentable. En 1998, la secte Jean-Mariste connaissait même son « grand schisme » avec le départ de Bruno Mégret. En 2001, le FN semblait au fond de la mine. Il a fallu toute la nullité et l’arrogance du PS de l’époque, puis celle de la droite classique, pour que le Front reprenne du poil de la bête, nettement moins « immonde » depuis que Marine s’emploie à la ripoliner. Bref, laissons donc ce parti, en mal de personnel compétent et de réseaux de soutien, prendre quelques villes à nouveau. Et observons l’expérience…voilà pour le cynisme !

Aucun commentaire: