jeudi 13 juin 2013
Erdogan lève le voile.
On ne le dira
jamais assez : Recep Tayyip Erdogan est un islamiste mo-dé-ré. Qu’a-t-il
fait de mal, depuis dix ans qu’il est pouvoir ? Des broutilles. Arrêter
des militaires, obstacles à l’islamisation tranquille du pays, sous prétexte d’un
vague complot. Arrêter massivement des journalistes, pour le même motif fumeux.
Nomination à de hautes fonctions du juge ayant inculpé l’intellectuel arménien
Hrant Dink pour « insulte à l’identité turque », le même Dink ayant
été assassiné à la suite de cela. Faire une belle loi pour interdire l’avortement,
puis coffrer les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics. Limiter la vente
et la consommation d’alcool. Favoriser la construction de mosquées un peu
partout, pour quadriller l’espace selon un maillage minutieux. Et puis, enfin,
vouloir détruire le parc Gezi à Istanbul, pour y construire un centre
commercial moderne, à la façon des nouveaux riches du Golfe, ses meilleurs
amis.
Evidemment, ça
ne plaît pas à tout le monde : les mécontents, de l’extrême gauche à l’extrême-droite,
en passant par les Kurdes, se rebellent et occupent la Place Taksim et le Parc
Gezi. Erdogan rameute ses troupes militantes de l’AKP (50% des voix aux
élections de 2011), insulte les insurgés : un tas de « terroristes, d’anarchistes,
qui agressent les femmes voilées et boivent de la bière dans les mosquées ».
Puis il lâche les flics, fait nettoyer la place. Ça ne suffit pas, ces
salopards reviennent. Il leur promet un beau référendum, pas truqué du tout…et
ils refusent ! Ces gens ne comprennent pas la chance qu’ils ont de vivre
sous la houlette d’un islamiste modéré.
Pas
touche à ma télé.
Jusqu’ici, le
gouvernement grec, aux ordres de ses maîtres du FMI et de Bruxelles, se
contentait de virer des fonctionnaires, de privatiser à tour de bras, de
baisser les salaires et les prestations sociales. Nos journaleux libéraux
trouvaient ça dur, mais bien normal au fond. Et puis, comme cela ne suffisait
pas, le même gouvernement a décidé de fermer l’étrange lucarne publique. Là,
bronca ! En Grèce bien sûr, mais également dans les médias bien de chez
nous, notamment chez les socio-libéraux style France télévisions, Le Monde, ou Le Nouvel Obs. C’est
beau, la solidarité professionnelle. Un journaliste au chômage, c’est
infiniment plus tragique qu’un chauffeur de bus ou un métallo.
L’Europe
par la preuve.
Panique dans le
petit monde de la culture française, et accessoirement européenne. Les futures
négociations du PTCI (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement)
avec nos amis américains, pourraient remettre en cause « l’exception
culturelle », et notamment les subventions dont profitent les producteurs de
cinéma hexagonaux. Mobilisation générale, fortement relayée par des médias
acquis à cette bonne cause. Du coup, la Commission européenne promet que cette
question constituera une « ligne rouge », que jamais ô grand jamais
on ne lâchera là-dessus. Du coup, sur quoi cèdera-t-on, puisqu’il faut toujours
céder quelque chose dans une négociation ? Deux secteurs sont en ligne de
mire : l’agro-alimentaire (où le moins disant sanitaire et qualitatif est
réclamé par les Ricains, fans du bœuf aux hormones et du poulet javellisé) et
la libre exploitation du gaz de schiste (qui a ses chauds partisans chez nous).
Il y a vingt ans, les Américains nous avaient fait le même coup lors des
accords de ce qui était encore le GATT : la bonne vieille diversion…On fait
mine d’attaquer sur le flanc culturel, très chatouilleux mais pas si rentable,
pour placer ses vrais coups dans des secteurs autrement plus juteux. Et on peut
compter sur ce bon M. Barroso, libéral atlantiste échevelé, pour entrer dans ce
jeu de dupes.
Un
Richard en examen.
Stéphane
Richard, patron d’Orange et ex-dir’cab de Christine Lagarde, n’est pas le 1er
PDG français mis en examen, mais c’est un coup dur pour le périmètre de défense
de l’ancien président qui vient de céder sous les coups des juges. Mais ceux-ci
sauront-ils, sans déraper comme leur collègue Gentil, atteindre le cerveau de l’affaire Sarko-Tapie ?
Une
extrême-droite bien peu couillue.
C’est le dernier
jeu à la mode du côté de l’extrême-droite, depuis la mort de Clément Méric et l’arrestation
d’Esteban Murillo, membre des JNR. Le jeu du « j’le connais pas, même si j’l’ai
p’têt’ déjà croisé quelque part ». Serge Ayoub, chef des JNR, ne connaît
pas Murillo, même s’il lui a déjà parlé au cours de quelques manifs. Marine Le
Pen ne connaît pas non plus Serge Ayoub, qui lui avait pourtant fourni quelques
gros bras pour son service d’ordre. Ou alors si peu, et ce n’est pas un ami,
hein ?
C’est pas
bientôt fini, de jouer les chochottes ? Il y avait pourtant une réponse
simple à donner à la meute sarcastique des journalistes bien-pensants :
« Oui,
je le connais, et alors ? Ce n’est pas parce que vous connaissez quelqu’un
qui a commis un crime, que cela fait de vous un criminel. »
Serge Ayoub a-t-il
ordonné à Murillo de tuer Méric ? Non. Marine Le Pen a-t-elle suggéré à
Serge Ayoub de le faire ? Non plus. Point à la ligne.
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