mardi 3 mai 2011

Opération Géronimo

mardi 3 mai 2011

            Opération « Géronimo ».

Géronimo était le nom donné par les Mexicains à un chef apache de la tribu des Chiricahuas. Né en Arizona vers 1829, Géronimo combattit les forces fédérales mexicaines et surtout états-uniennes en menant des opérations de guérilla dans le sud-ouest des Etats-Unis, entre 1882 et 1885. Après s’être rendu, il fut déporté en Floride, et finit ses jours dans une réserve indienne de l’Oklahoma en 1909.
C’est une bien curieuse idée que d’avoir donné son nom à l’opération qui a permis l’élimination de Ben Laden, dont nos médias ne cessent de se gargariser. « Géronimo », c’est aussi le cri de guerre des aviateurs américains lorsqu’ils passent à l’attaque, mais il est fâcheux que personne n’ait soufflé à l’oreille des décideurs du Pentagone qu’assimiler la cible du raid à un courageux chef indien résistant à l’invasion occidentale n’était pas une bonne idée.
            En tout cas, la mort de Ben Laden apparaîtra à ses partisans beaucoup plus héroïque que celle du célèbre Apache. Tué les armes à la main, et sans se cacher derrière ses femmes, comme les Ricains ont voulu le laisser croire, avant de renoncer à ce mensonge. « Justice est faite », pense-t-on à Washington et à Paris. Benoît Hamon, au nom du PS et du politiquement correct, chipote et semble regretter que l’on n’ait pu capturer vivant ce cher Oussama. Pierre Haski, de Libération, aurait aimé un « grand procès de Nuremberg  du terrorisme ». Sur ce point je rejoins Yves Thréard, du Figaro : ce genre de procès n’aurait rien à voir avec celui des nazis, vaincus en 1945, et dont les leaders jugés faisaient triste mine (à l’exception notable de Göring) et ont finalement joué le rôle que l’on attendait d’eux.
            Souvenons-nous du procès de Zacarias Moussaoui en 2006, ou de celui des auteurs des attentats de 1995 en France. No tears, no regrets ! Les fanatiques croient en leur cause, et leur combat ne cesse jamais, surtout si l’on commet l’erreur de leur tendre micros et caméras. Inutile de compter sur eux pour aider les victimes à « faire leur deuil ». Et puis, faire disparaître une bonne fois celui que la CIA avait espéré manipuler au bon vieux temps de la lutte anti-soviétique était la meilleure chose à faire du point de vue des Etats-Unis.
            Saurons-nous un jour toute la vérité sur les dessous de la traque de Ben Laden, qui aura duré dix ans ? Pour l’instant, nous sommes gavés de récits à sensation, dignes de 24 heures chrono, avec un président suivant en direct l’action des commandos au Pakistan, et des polémiques sur le traitement de la dépouille du chef djihadiste…visage détruit ou pas ? Etre immergé est-il conforme aux rites de l’Islam ? D’ailleurs, est-il vraiment mort ? Ou interné dans la base secrète de la Zone 51 ?
            Et maintenant ? Si, comme tous les spécialistes s’accordent à le penser, Ben Laden n’avait pas sur lui la liste complète (avec noms, adresses et n° de portable) des membres des diverses branches d’Al-Qaïda à travers le Monde, la nébuleuse djihadiste n’aura finalement reçu qu’un coup symbolique. Et le paradis d’Allah un nouveau martyr.
            En attendant, voilà qui fait bien oublier le ratage des frappes anti-Kadhafi en Libye (heu, pardon, des frappes contre les « centres de commandement »). Cela fait quand même trois fois depuis 1986 que le Frère Guide de la Révolution échappe aux bombes américaines. Il va falloir monter une opération Cochise ! (ou Vercingétorix ?)
            Pour finir, une petite pensée pour nos otages d’Afghanistan et du Sahel, qui doivent sentir la lame froide du cimeterre leur chatouiller la nuque.

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