Dimanche 20 juin 2010
France-Mexique, éternel recommencement.
Le wargame que je viens de débuter a pour thème la campagne du Mexique, menée entre 1862 et 1867 par les troupes françaises de Napoléon III et de son homme de paille Maximilien d’Autriche. La raclée prise par les Bleus en Afrique du Sud face à l’équipe mexicaine m’inspire évidemment quelques comparaisons.
Une guerre, comme un match de foot, et a priori une compétition de longue haleine de type « championnat du Monde », nécessite pour l’emporter quelques conditions indispensables.
Avoir de « bons soldats », au sens technique du terme, ne suffit pas. Il faut d’abord une armée soudée autour de chefs charismatiques et éclairés, avec une ambition qui ne se limite pas à toucher sa solde à la fin du mois. Un ramassis de mercenaires égoïstes et mal commandés ne peut en aucun cas vaincre une troupe patriote ayant envie de gagner pour son pays.
Après la défaite, bien sûr, on cherche des coupables à fusiller. Flinguer Domenech aujourd’hui est aussi lâche que d’abandonner Maximilien au peloton d’exécution en 1867. Domenech, comme Maximilien d’Autriche, était “the wrong man at the wrong place”. Cela n’en fait pas le seul coupable. Un brave type confronté à une bande de voyous, dont la seule erreur a été de ne pas démissionner à temps et de ne pas dire tout haut certaines vérités. Comme Maximilien qui croyait naïvement « civiliser » le Mexique, mais en étant obligé de s’appuyer sur des troupes douteuses, qui lui ont cassé la baraque tout en le méprisant.
L’affaire des insultes d’Anelka envers son sélectionneur, et la réaction du « porte-parole » de l’équipe, qui prend la défense de son pote et cherche le « traître » au sein du groupe, est à cet égard révélatrice de ce qu’est l’équipe de « France ». Une bande de voyous qui retrouvent face à des attaques justifiées un esprit de corps digne des cailleras de la « téci » : « Oh putain c’est qui la balance ? On va lui maraver la chetron ! ». Un branleur enrichi reste un branleur.
Le corps expéditionnaire français au Mexique avait quand même plus d’allure que ces gens là.
De même qu’il est assez insultant pour Napoléon III de comparer son œuvre au règne de Nicolas Sarkozy.
Et si la France avait continué la guerre en juin 1940 ?
C’est le thème d’un ouvrage collectif dirigé par Jacques Sapir, paru chez Tallandier fort opportunément en cette période de commémoration lourdingue (1940 : et si la France avait continué la guerre). Beaucoup plus sérieux et documenté que certaines pitreries dont on nous a gratifiés ces jours-ci (notamment le décollage à Mérignac d’un Beechcraft aux couleurs américaines, censé emporter un De Gaulle mal attifé vers Londres : le comble du kitsch !).
Se fondant sur des ouvrages récents mettant à mal le mythe de la « Blitzkrieg », les auteurs imaginent que Paul Reynaud tient bon début juin face aux capitulards, et décide de poursuivre la lutte aux côtés des Anglais en s’appuyant sur l’Empire, et notamment l’Afrique du Nord. C’est finalement l’application à grande échelle de l’Appel du 18 juin.
Le résultat est convaincant et passionnant, surtout pour l’amateur d’uchronie que je suis. Mais avec un gros bémol néanmoins, qui tient largement à l’orientation idéologique des auteurs (Jacques Sapir, Franck Stora, Loïc Mahé…).
Ainsi De Gaulle, Mandel, Blum ou Pierre Cot sont-ils présentés comme des leaders clairvoyants et inflexibles, dirigeant efficacement un peuple et des troupes au mordant formidable, qui n’attendaient visiblement que d’avoir des vrais chefs pour se transformer en lions. Mention spéciales aux troupes coloniales, toujours héroïques et victimes de la cruauté nazie lorsqu’elles ont le malheur de tomber entre les mains de l’envahisseur. Laval, Flandin, Darnand sont quant à eux non seulement des « capitulards », mais des collabos dans l’âme prédestinés à trahir leur pays. Pétain, vieille baderne, est expédié à l’hosto à la première contrariété.
Dans cette volonté de réécrire l’Histoire, on voit tout le poids des idées en vogue dans l’historiographie, et une bonne dose de politiquement correct. Dommage, mais on s’amuse bien quand même à imaginer une France qui aurait ressemblé au rêve du Général de Gaulle.
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