dimanche 13 décembre 2009

Identité nationale, réchauffement climatique et bourrage de crâne.




Nul ne sait ce qui sortira vraiment des palabres de Copenhague sur le réchauffement climatique, en dehors des bons sentiments, des vagues promesses et des sordides tractations sur les « droits à polluer ». Même topo avec ces débats stupides organisés par les préfets sur « l’identité nationale ». Il n’en émerge qu’une vague de propos plus ou moins xénophobes ou islamophobes, tout à fait prévisibles dans le contexte actuel, mêlés à divers discours plus « politiquement corrects » faisant l’éloge d’un modèle républicain et français remontant à la IIIe République.
Pendant que l’on amuse le bon peuple avec ces pitreries, le démantèlement des services publics et les magouilles des profiteurs de tout poil se poursuivent allégrement. J’ai lu à ce sujet deux excellents articles dans la revue eurosceptique Bastille-République-Nations (n°46, 1er décembre 2009).
Concernant le réchauffement climatique, Pierre Lévy évoque une nouvelle croisade permettant de justifier un gouvernement mondial des élites, régnant par la peur et la culpabilisation sur des « citoyens du Monde » privés de fait de tout moyen d’exercer leur souveraineté. L’Union européenne à l’échelle mondiale, en quelque sorte. Déjà en 1991, la Trilatérale (commission créée en 1973 pour rassembler les hauts dirigeants du monde de l’entreprise, des médias et de certain syndicats des Etats-Unis, d’Europe et du Japon) publiait un rapport s’inquiétant de la disparition de la crainte d’un conflit nucléaire, et de l’intérêt de la remplacer par des menaces environnementales susceptibles « d’exercer la même pression sur l’esprit des peuples ». Cela n’invalide en rien les périls écologiques qui nous pendent au nez, mais conforte l’hypothèse que nous assistons à la naissance d’une nouvelle religion planétaire, à la fois opium et martinet du peuple, avec les mêmes vieilles ficelles, comme le rachat de nos péchés par les bonnes œuvres. Pour écrire cette chronique par exemple, j’ai dû dépenser quelques grammes de CO2 ; je compenserai en plantant un pissenlit dans mon jardin. J’ai bon, monsieur le Curé-écolo ?
Pour l’identité nationale, au-delà des légitimes questions que l’on peut se poser –et qui tournent toutes en fait sur la place de l’Islam dans notre société- l’article de Laurent Dauré cite fort opportunément l’ouvrage de Walter Benn Michaels de l’université de l’Ilinois à Chicago, La diversité contre l’égalité. Dans son livre, le compatriote de Barack Obama démontre que les débats et politiques tournant autour  de la lutte contre les discriminations ethniques ou de la fixation sur les « identités » est en fait un moyen d’escamoter les vrais problèmes, à savoir les inégalités sociales et la mise en place d’un « ordre » néo ou ultralibéral. Les luttes sociales doivent ainsi être étouffées par les préoccupations « sociétales ». Quant aux mises en scène participatives (dont Ségolène Royal a voulu faire ses choux gras), sous forme de « grands débats ouverts à tous », elles n’ont pas d’autre but que de faire oublier à quel point on ignore le vote bien réel des citoyens. Ils ont voté « Non » au référendum européen de 2005 ? On passe outre, quitte à faire revoter les récalcitrants. Ils s’abstiennent massivement aux élections européennes de 2009 ? On ignore cette donnée, pour n’analyser que les suffrages exprimés, donnant gagnants l’UMP et les Verts. On se fout de vous, mais votre avis nous intéresse. Une version élégante de « parle à mon cul, ma tête est malade ».

            Merci Jacques Julliard.

Formidable billet d’humeur du journaliste du Nouvel Observateur, excédé par cette énième réforme du lycée, qui va compliquer les choses sans régler un problème urgent et fondamental, la question de l’autorité, voire de la sécurité, des professeurs dans l’exercice de leurs fonctions. La terrible expérience de cette enseignante parisienne, menacée par ses élèves à qui elle entendait, quelle audace, interdire l’usage de leurs portables en cours, a servi de détonateur à cette prise de conscience bienvenue. Mais que restera-t-il de l’autorité des profs, lorsque l’élève pourra zapper à sa guise d’une filière ou d’une classe à l’autre ? Les conseils de classe, de plus en plus inutiles, ne seront plus que des coquilles vides. Le naufrage de l’Education nationale est en bonne voie.

            Faire l’Europe par la preuve.

C’était l’antienne des euro-maniaques : prouver que l’Union européenne sert à quelque chose.
Les Etats baltes et l’Irlande, dont les technocrates de Bruxelles vantaient la croissance record et l’adaptation à la mondialisation, sont en crise financière majeure. Faut pas compter sur l’UE les gars ! Le FMI et ses remèdes de cheval (tailler dans les dépenses publiques et réduire les salaires) sont priés de soigner les malades. La Grèce est en quasi-faillite, menaçant la logique même d’une zone euro dont plus personne ne respecte les critères d’adhésion ? Même topo. L’UE n’aidera pas, mais elle menace de sanctions financières. L’UE est aussi sympa avec ses membres qu’une banque avec ses clients économiquement faibles.
Le Traité de Lisbonne, adopté au forcing, devait permettre à l’UE d’émerger sur la scène internationale, de lui donner un « visage diplomatique », d’être une puissance mondiale. Le dernier laborieux compromis des 27 membres du club a donné des résultats du plus haut comique : le président de l’UE sera un Belge, dont le pays est au bord de l’éclatement entre Flamands et Wallons. Sa représentante à l’étranger sera une Britannique, pays arrimé aux Etats-Unis comme la moule à son rocher. Une belle démonstration de puissance, de cohésion et d’indépendance.

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