jeudi 23 mars 2023

Macron ou Mac-Mahon ?

 


Mercredi 22 mars 2023


Macron ou Mac-Mahon ?


Cela fait bientôt six mois que je n’ai plus tenu mon journal politique. L’actualité me déprimait tellement, j’avais tellement envie, parfois, de hurler ma rage et mon dégoût sur quasiment tous les sujets, que j’ai jugé préférable de prendre du recul et de me consacrer à autre chose. Les derniers rebondissement de ce que l’on pourrait appeler « la crise de retraites » m’incitent toutefois à remonter -provisoirement ?- au front. L’usage du 49.3 pour passer en force, éminemment prévisible, a achevé de mettre le feu aux poudres. Le rejet de la motion de censure déposé par le groupe LIOT, à 9 voix près, enclenche un processus quasi-insurrectionnel. Terrible conflit entre le « légal » et le « légitime » !

Allons d’abord au sujet qui fâche, mais qui n’est pour moi comme pour d’autres que la goutte d’eau qui fait déborder le vase : la réforme des retraites. Disons-le tout de suite, je ne suis pas de ceux qui font de l’âge un totem, qu’il s’agisse de l’avancer ou de le reculer. Dans l’état actuel du système (réforme Touraine), si je veux partir avec une retraite à taux plein, je vais devoir attendre les 67 piges. Dans quel état serai-je à ce moment-là, sachant que l’espérance de vie en bonne santé (en recul depuis quelques années) est actuellement de 64 ans pour les hommes, 65 pour les femmes ?

Notre système par répartition, conçu en plein baby-boom en 1945, est une sorte de « pyramide de Ponzi » (je cite David Lisnard), qui ne peut fonctionner que si une masse d’actifs employés cotisent pour une minorité de retraités. C’était jouable à l’époque, mais la structure de la population active aujourd’hui ne le permet plus. Trop peu d’actifs employés avec des salaires suffisamment élevés, ponctionnés à tout va pour alimenter une masse grandissante d’inactifs ou d’assistés (étudiants, chômeurs, retraités). Les gauchistes ont évidemment la solution miracle : taxer le capital ! Oui, mais le capital peut fuir, ou se trouver plein de moyens d’éviter le fisc. Les mêmes, et leurs copains libéraux, nous suggèrent alors une autre remède : l’immigration massive. Idée stupide, voire suicidaire : la plupart des immigrés qui débarquent chez nous ne sont pas employables en l’état (sauf dans des branches très peu qualifiées), et font très vite venir femmes et enfants, qu’il va falloir entretenir. Vu l’état lamentable de l’intégration dans notre pays de plus en plus communautarisé, s’imaginer que des jeunes maghrébins et africains vont se faire une joie de payer les retraites des vieux « Blancs » relève du délire.

Seules pistes raisonnables à mon avis : la robotisation de certaines tâches pénibles dont personne ne veut (cf le Japon), l’amélioration des conditions de travail permettant de travailler plus longtemps, avec un compte de cotisation tenant compte de la pénibilité, et une capitalisation des retraites encadrée par l’État. Et bien sûr, le retour d’une politique nataliste sérieuse pour les ménages français... à condition toutefois de créer assez d’emplois en France pour nos enfants. Quant au totem de l’âge, abattons-le une fois pour toutes. Seule la durée de cotisation compte, et à chacun de partir quand il le juge bon, avec ce qu’il aura cotisé (moyennant un minimum décent à négocier sérieusement avec les partenaires sociaux).

La réforme que le gouvernement tente de faire passer en force ne me satisfait donc pas. Si elle est plus lisible que la précédente, l’usine à gaz inventée par la CFDT, elle est inspirée par les recommandations de l’OCDE, du FMI et de la Commission de Bruxelles, dont Macron n’est que l’exécutant. Après avoir fichu par la fenêtre des centaines de milliards pendant la crise covidienne, et encore d’autres pour se faire bien voir de ses amis de l’OTAN dans l’affaire ukrainienne, voilà qu’il serait urgentissime de faire une réforme dont personne ne veut, qui ne produira pas d’effets avant des années, et qui déclenche d’ores et déjà des mouvements sociaux violents aux effets économiques potentiellement dévastateurs. D’après certaines estimations, la réforme gouvernementale ferait gagner dans les 18 milliards d’euros par an à la sécu, soit à peu près le montant de ce que nous coûte l’immigration actuelle. Quel intérêt, sinon celui de donner des gages à nos vrais maîtres ?

Macron a encore démontré dans sa dernière prestation télévisée à quel point il méprise la France et son peuple, et ne comprend strictement rien à l’exaspération que lui et ses pareils suscitent depuis des années. Rien que le choix du journal de treize heures, censé être vu dans « les territoires » (affreux terme parisien pour désigner la province et les ploucs qui y habitent), est une aberration. Passons sur le contenu de l’allocution, totalement surréaliste, avec un « programme » visant l’éducation et la santé qui ne peut que faire vomir les intéressés. Pour Macron, la page est tournée, circulez y a rien à voir, et les opposants seront traités en délinquants. Le Petit Prince mal élu veut nous faire croire qu’il incarne l’État de droit ! « J’y suis, j’y reste » pourrait être sa devise : Macron, c’est Mac-Mahon. Sauf que Mac-Mahon, lui, a eu le courage de dissoudre la Chambre des députés en 1877. Et de démissionner deux ans plus tard quand le Sénat a cessé de lui être acquis. Mais notre Petit Prince, lui, n’entend ni « se soumettre », « ni se démettre », selon la formule de Gambetta.

Alors que faire ? Depuis le début de ce qui ressemble bien à une crise de régime, avec une rupture très nette entre le « pays légal » (les institutions vérolées de la Ve république) et « le pays réel » (les citoyens français désabusés), j’avoue être resté dans l’expectative. Faire grève, c’est offrir une journée de salaire à l’État. Manifester avec les syndicats ? J’ai déjà donné de mon temps à maintes reprises, et l’on voit tout le mépris que suscitent ces formes légales de protestation de la part d’un gouvernement qui les ignore. Par ailleurs, j’avoue avoir gardé une dent contre ces mêmes syndicats, que j’aurais aimé voir se bouger un peu pendant la dictature sanitaire pour défendre les libertés fondamentales, et notamment les droits des soignants non-vaccinés foutus à la porte. Enfin, les partis de gauche qui pleurent et tempêtent aujourd’hui ont quand même appelé à voter Macron en 2022, alors même que celui-ci avait annoncé cette foutue réforme ! Moi, je ne me suis pas trompé d’ennemi.

Le seul langage que comprennent nos dirigeants est la force. Et c’est à une épreuve de force qu’ils nous invitent, espérant cyniquement que le pourrissement de la situation jouera en leur faveur, comme au temps des Gilets Jaunes. Mais si ce gouvernement tombe ou recule, qui en profitera ensuite ? Qui pour prendre la relève ?

Les députés LR, qui ont sauvé la mise à Borne et Macron en refusant de voter la motion de censure, ne savent plus où ils habitent. Certains d’entre eux, plus nombreux que prévu, ont refusé de suivre la consigne de Ciotti, ce qui laisse prévoir une explosion de ce qui reste de la droite classique. La Nupes, avec ses excès et ses délires, est le pire des épouvantails. Le RN tire son épingle du jeu, mais pourra-t-il arriver au pouvoir sans se renier ? Quant aux autres factions politiques, je n’y crois guère non plus, tant la rupture est grande entre la classe politique et les citoyens de base. Les « Gaulois réfractaires » vont-ils une fois de plus rentrer dans le rang, et « sortir de l’Histoire » quand on leur jettera un peu de pain et des jeux olympiques ? Ou bien se montrer dignes de leurs ancêtres et casser enfin la baraque vermoulue dans laquelle ils se sont laissés enfermer depuis des lustres ?

À suivre...


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