mardi 21 juin 2022

Législatives : enfin une bonne nouvelle !

 

Lundi 20 juin 2022


Enfin une bonne nouvelle !


M'étant abstenu dimanche, je ne m'attendais pas à une meilleure surprise qu'un taux de participation extrêmement faible, satisfaction fort médiocre d'un habitué comme moi de la défaite électorale. Premier bonheur : objectif atteint, avec 54% d'abstention. Mais ce ne n'était rien avant de découvrir les résultats finaux, après 20h !

Le mouvement du Petit Prince, le fameux « Ensemble », ne décroche que 245 sièges, bien loin de la majorité requise pour gouverner peinard. La Nupes en récolte 131, ce qui n'est pas mal. Mais l'exploit totalement inattendu, compte tenu d'une abstention élevée qui lui porte souvent tort, est celui du RN : 89 sièges à lui seul (alors que la Nupes a dû se mettre à quatre pour obtenir les siens). Quand on connaît l'appel généralisé de tous ses ennemis à lui faire barrage, jusqu'au Ministre de La Rééducation Nationale qui n'est sorti de son silence depuis sa nomination que pour cela, c'est extraordinaire. Le RN de Marine et Jordan fait mieux que Jean-Marie en 1986, alors que celui-ci bénéficiait à l'époque du scrutin proportionnel.

De retour d'une Ukraine où il est allé ramper devant Zelensky, et faire complète allégeance aux anti-russes qui lui reprochaient sa mollesse toute relative face à Moscou, Macron ne peut que constater le désastre. Son « appel du tarmac », rappelant la fameuse exhortation de Giscard à faire le « bon choix » aux législatives de 1978, jouant sur la même peur du chaos, n'aura donc pas fonctionné. Alors qu'il pouvait raisonnablement craindre de se retrouver dans le même cas que Mitterrand en 1988 (réélu largement, mais sans majorité nette au Palais Bourbon), le voilà dans une situation bien pire encore.

Trois ministres envoyées au tapis là où elles se sont présentées, et donc contraintes de prendre la porte. Une double opposition très radicale, à gauche surtout, avec déjà un appel à déposer une motion de censure contre Borne début juillet. Des députés LR (61 sièges), dont la plupart sont bien peu macro-compatibles (pour l'instant) et ne formeront pas forcément des alliés commodes.

Il faudra, mais de manière bien moins confortable que ne le firent les premiers ministres de Mitterrand, négocier chaque projet de loi avec telle ou telle faction de la gauche ou de la droite, dans un jeu de balancier digne de la IVe République. Certains s'interrogent déjà sur l'opportunité d'une dissolution. Si certains juristes estiment que l'article 12 laisse la possibilité d'agir sans attendre un an (mais les résultats d'un nouveau scrutin devant être respectés pendant au moins une année), un tel recours entraînerait une terrible bronca. Pour le coup, là, j'irais voter pour tout ce qui ferait barrage au Prince-Président ! Seule issue pour notre Badinguet, jouer profil bas, exploiter les divisions des uns et des autres (les partis de la Nupes se disputent déjà à propos de la fameuse motion de censure, qui me paraît d'ailleurs franchement prématurée), et tenir un an en espérant que le crédit de ses adversaires s'épuise rapidement. Et là, profitant d'une crise quelconque (on aura l'embarras du choix, hélas!), dissoudre pour repartir du bon pied. Ou se fracasser définitivement : car en cas de défaite, il n'aura d'autre choix que de se soumettre ou se démettre, comme Mac-Mahon en 1877.


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