mardi 12 avril 2022

Présidentielles, 1er tour

 

mardi 12 avril 2022



Analyse du premier tour.



Finalement, les sondages se sont révélés à peu près exacts, en tout cas pour l’ordre d’arrivée qui se profilait depuis quelques temps. Laissons de côté les inévitables rumeurs d’élections truquées pour nous concentrer sur les résultats et les perspectives qui se dessinent après ce premier round de la bataille.

L’abstention, quoiqu’importante, ne bat pas les records de 2002 (26%, contre 28% à l’époque). En l’occurrence, il est difficile de savoir à qui cela a pu profiter ou nuire.

Comme l’ont relevé la plupart des observateurs politiques, le score des trois premiers candidats confirme la mort de l’ancien paysage politique dominé par le duo PS/LR, au profit d’une tripartition :

-l’extrême-centre, mené par Macron (27,8%), assemblage libéral, européiste, atlantiste, mondialiste, qui tient les rênes de l’Etat profond avec la complicité des grandes firmes, du monde des affaires, des médias et de la culture.

-la droite nationale, identitaire et populiste, dont le leadership revient une fois de plus à Marine Le Pen (23,15%). Ne bénéficiant d’aucun des appuis mentionnés ci-dessus, et n’étant plus couverte par le paratonnerre Zemmour, il va sans dire qu’elle ne part pas gagnante.

-la nouvelle gauche radicalisée, dominée par la France Insoumise de Mélenchon (21,9%). Celui-ci a réussi son pari de faire exploser la vieille gauche et de vampiriser les Verts, mais échoue de peu à atteindre le 2e tour…merci Fabien Roussel !

Au-delà de ces trois pôles gravitent des corps célestes en désarroi :

-Les partisans d’Eric Zemmour, évidemment déçus (7%) après avoir rêvé de bien plus haut. Néanmoins, le « Z » n’a pas démérité. Parti de pas grand-chose, flingué de toute part, il arrive quand même à sauver les meubles (lui, au moins, se fera rembourser ses frais de campagne) et se faire une place dans la vie politique. Son appel à voter Le Pen est parfaitement cohérent.

-Valérie Pécresse (4,7%) est largement responsable du crash monumental de la droite classique. Celle-ci a vocation, évidemment, à se fondre dans le pôle dominant, dont elle ne s’est jamais réellement distinguée.

-Yannick Jadot (4,6%) illustre une fois de plus, malgré l’hallucinante propagande en leur faveur sur les thématiques environnementales, l’incapacité des écologistes à percer dans ce type d’élections. Seule issue : l’alliance avec LFI.

Et enfin des particules élémentaires :

-Jean Lassalle (3,1%) ne s’en sort pas si mal. Il symbolise même la victoire de la France périphérique : le maire de Lourdios-Ichère (155 habitants) fait presque le double du score national de la maire de Paris (2 millions d’habitants). Dans sa commune, Lassalle fait plus de 65% des voix. Dans sa ville, l’âne Hidalgo en a récolté 2,7%. Bravo Jeannot !

-Fabien Roussel (2,2%) maintient le PCF à son rang de parti croupion, ni plus ni moins.

-Nicolas Dupont-Aignan (2%) en fait de même pour les gaullistes historiques.

-Anne Hidalgo (1,7%) a atteint le fond de la piscine et commence à creuser…pour rejoindre ses amis les rats, sans doute.

-Les deux guignols d’extrême-gauche, Poutou et Arthaud, font péniblement le même score (en fait, moins), mais à eux deux.

Et maintenant, que faire ?

Pour le premier tour, les deux finalistes vont s’employer à nous rassurer : l’un sur sa fibre sociale, l’autre sur ses compétences économiques. Mais j’ai quelque peine à les prendre au sérieux. Cela me rappelle 1995, quand Balladur et Chirac faisaient la danse du ventre pour récupérer les électeurs de gauche !

L’enjeu est ailleurs. Veut-on en reprendre pour cinq ans avec un type qui déteste la France et n’aura cette fois aucun scrupule à appliquer le programme libéral pour lequel ses parrains l’ont placé à l’Elysée ? Quant à Marine Le Pen, son arrivée bien peu probable au Palais entraînerait sans aucun doute un terrible chaos. Non pas de sa faute, mais par la coalition des libéraux et des gauchistes qui s’emploieront aussitôt à lui pourrir la vie par tous les moyens, comme ils le firent pour Trump aux Etats-Unis.

Enfin, il reste les législatives, qui n’auront lieu qu’en juin. S’il est élu, Macron n’aura pas la même dynamique qu’en 2017, il lui faudra faire des alliances pour disposer d’une majorité solide. Quant à Marine, ce sera encore plus dur.

« Pas une voix pour l’extrême-droite » a dit Méluche. Mais est-ce que ça veut dire voter Macron ? En 2017, je m’étais abstenu pour ne cautionner personne (le vote blanc, rappelons-le, fait gonfler artificiellement la participation et donc contribue à la légitimité du vainqueur). Cette fois, c’est différent. Nous avons un choc des valeurs, entre une candidate dont le programme rappelle finalement celui des gaullistes de gauche des années 1960, et un autre qui incarne une forme soft de « déconstruction » libérale, sous couvert de verbiage républicain usé jusqu’à la corde. La première était défavorable au passe sanitaire/vaccinal, le second l’a imposé et nous l’imposera encore au moindre prétexte. La première, si elle condamne l’intervention russe en Ukraine, ne souhaite pas pour autant nous jeter plus encore dans les griffes de Washington, contrairement au second.

Donc, c’est tout vu. Il est parfois nécessaire de créer un choc pour faire avancer l’Histoire.



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