mardi
5 avril 2022
La boucherie de
Boutcha.
Avec un nom pareil, ça devait arriver ! Blague
à part, l’extraordinaire ramdam médiatique suscité par cette affaire mérite
commentaire.
Résumons les faits : alors que de difficiles
négociations sont en cours entre Moscou et Kiev sous patronage turc (Macron
tenant la chandelle de son côté), les forces russes se redéploient, desserrant
l’étau autour de Kiev pour se donner plus de moyens au Sud-est, qui est leur véritable
objectif.
Peu après leur retrait de la ville de Boutcha, au
nord-ouest de Kiev, aussitôt reprise par les Ukrainiens, des dizaines de corps
de civils abattus sont retrouvés dans les rues, les jardins ou les maisons,
certains ayant les mains liées. Zelensky, tout en finesse comme d’habitude,
hurle au génocide. Ses amis occidentaux lui emboîtent le pas, accusant au
minimum les Russes de crimes de guerre, et promettant d’aggraver encore les
sanctions contre Moscou, à commencer par des expulsions massives de diplomates,
voire à menacer Poutine d’un mandat d’arrêt international, en attendant je
suppose un procès devant le TPI de La Haye…
-Première remarque : dès le début du conflit,
et dès les premiers bombardements russes, les forces de Poutine ont été
accusées de crimes de guerre. L’affaire du théâtre de Marioupol, ou de l’hôpital
de cette même ville, nous avaient été déjà présentées comme des abominations
sans précédent. En fait, il semblerait que les atroces réalités de la guerre
urbaine soient brutalement découvertes par nos politiciens et journalistes, que
l’on a le plaisir –ou la gêne- de découvrir aussi niais.
-Deuxième remarque : lorsque l’on fait le choix
de la guérilla ou de tactiques de francs-tireurs, comme l’ont fait à juste titre les forces ukrainiennes
conseillées par les Ricains, ce qui suppose d’utiliser des combattants déguisé
en civil, ou des civils transformés en combattants pour harceler l’ennemi sur
ses flancs ou ses arrières, on s’expose à ce que ces mêmes civils soient
également pris pour cibles. Et un franc-tireur ou un guérillero capturé ne doit
pas forcément s’attendre à être traité avec tous les égards.
-Troisième remarque : si les vidéos lancées sur
le Net par les pro-russes pour dénoncer un « fake » ne sont guère
convaincantes, plusieurs détails chiffonnent. D’abord, pourquoi les Russes
ont-ils laissé derrière eux autant de preuves accablantes de leur forfait ?
Comble du louche, cette inscription parfaitement rédigée laissée sur le mur d’une
maison se félicitant de ces exécutions, à la gloire des « forces
aéroportées russes ». Peut-on être plus bête ? Rappelons que les
nazis, ou le NKVD de la grande époque soviétique, s’efforçaient d’être un
tantinet plus discrets. L’histoire abonde de bobards de guerre et de coups
montés (rappelons-nous les faux charniers de Timisoara, les fosses communes
bidon du Kosovo, etc…).
-Quatrième remarque : l’extraordinaire
disproportion des réactions occidentales (que nos médias prétendent « mondiales »,
à tort) à cet évènement, présenté comme le « tournant du conflit »
(rien de moins !). Même Staline ne fut pas traité ainsi, malgré des
millions de morts au compteur. Et en-dehors des excités des campus américains,
personne n’a envisagé de traduire en justice le président Johnson après le
massacre de My-Lai au Vietnam en 1968. Sans parler de Guantanamo et de toutes
les saloperies perpétrées par les autorités américaines depuis 1945.
Conclusion : en attendant d’en savoir plus sur
la réalité des faits, ne soyons pas dupes d’une énième récupération
propagandiste et gardons la tête froide.
PS : et histoire de donner l’exemple, je
reconnais mes propres torts. Ainsi, j’avais émis des doutes sur la réalité de
ce couple de réfugiés sans voiture franchissant la frontière polonaise. J’ai
appris plus tard qu’à ce moment-là, les autorités ukrainiennes obligeaient les
candidats au départ à laisser leur bagnole à la frontière. Mais les auteurs du
reportage s’étaient bien gardés de le préciser, histoire sans doute de ne pas
dire du mal de ce cher gouvernement ukrainien.
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