dimanche 6 octobre 2024

Barnier et Retailleau

 

Dimanche 6 octobre 2024


Pauvre Michel !


On l’attendait au tournant, sans trop d’illusions. Et on a vu.

Je ne faisais pas partie de ceux qui espéraient voir en Michel Barnier une sorte de Cincinnatus, de Clemenceau ou de Churchill...ou pourquoi pas De Gaulle, soyons fous !

Il était déjà hallucinant de voir qu’un vieux politicien comme lui, déjà bien blanchi sous le harnois et n’ayant plus rien à gagner, ait accepté la mission de diriger un pays ingouvernable en l’état actuel des choses. Que des coups à prendre.

Le discours de politique générale prononcé mardi dernier fut terriblement long, aussi palpitant et clivant qu’un rapport de la Commission européenne ou une séance du Conseil départemental de Haute-Savoie sur les mutations de l’agriculture en moyenne montagne. Il ne fallait fâcher personne il est vrai, et les solutions envisagées pour nous sortir de la mouise étaient du même tonneau d’eau tiède : concertations, efforts partagés (et encore un peu d’impôts, messieurs-dames !), patati-patata...Au lieu de la thérapie de choc, nous aurons droit aux soins palliatifs, avant que les tendances lourdes de l’Histoire ne viennent trancher le sort d’un pays et d’un régime malades.

En attendant, contentons-nous d’assister au théâtre des guignols de la politicaillerie. Le groupe LFI fut pour sa part à la hauteur de ce qu’on attendait de cette clique : bruyant, chahuteur, insolent. Le nouveau Premier Ministre fut par contre bien meilleur dans la séance des questions, remettant à sa place, fort dignement, la poissarde Mathilde Panot, ou envoyant une fine banderille au petit sauteur Attal.

Pauvre Michel, tu as bien le droit de t’amuser un peu !


Retailleau face à la meute


Le nouveau Ministre de l’Intérieur, de son côté, n’y est pas allé de main morte. À peine en place, il balance deux grenades sur les vaches sacrées de notre démocratie libérale : l’État de droit d’une part, l’immigration d’autre part. Le premier ne serait « pas sacré », la seconde « pas une chance pour la France ».

Mon Dieu quelle horreur ! Et la gauche de hurler, la droite libérale de gémir. Ah, l’horrible populiste ! Pour les débatteurs du samedi midi sur France Inter, Gilles Finchelstein et Natacha Polony, il s’agissait de savoir si le petit Bruno a proféré ces énormités par conviction, ou simple opportunisme (faire plaisir au RN, qui tient le gouvernement en joue). Comme d’habitude, Natacha Polony s’est néanmoins efforcée de prendre de la distance sur la polémique, et de réfléchir au fond des choses.

Sur ces deux sujets, la grande majorité des Français, si l’on en croit les sondages, rejoint le Ministre de l’Intérieur : ni ce qu’on appelle « l’État de droit », ni ce qu’est devenue l’immigration en France ne donnent satisfaction. L’État de droit n’est pas intangible : il n’a cessé d’évoluer depuis des siècles. S’il ne fallait pas y toucher, nous serions encore sous la Monarchie Absolue ! Quant à l’immigration, si elle a pu apporter de bonnes choses à notre pays, elle contribue aujourd’hui largement à remplir nos prisons, semer l’insécurité dans nos rues, plomber notre système de sécurité sociale et fracturer culturellement notre société. Choisir vraiment qui nous accueillons, en fonction de nos possibilités, serait la moindre des choses. Tout comme se débarrasser de ceux qui nous cassent les couilles.

Mais Retailleau pourra-t-il faire autre chose que vitupérer, ou diffuser des photos de lui en compagnie de flics et de chiens policiers ? Pasqua et Pandreau nous ont déjà fait le coup en 1986, avec des résultats médiocres, alors qu’ils disposaient d’une majorité plus franche à l’Assemblée nationale.

Encore une fois, je pense que le système est devenu trop gangrené pour être changé dans les règles de la démocratie libérale. Nous vivons dans une sorte de Directoire (dont les instances les plus importantes ne sont pas à Paris) mâtiné de république libanaise, que seul un nouveau Bonaparte serait en mesure de balayer, pour tout reconstruire. Qui pourrait-il être ? Et les Français seraient-ils prêts à le suivre ?

Attendre et voir...


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