lundi 8 mai 2017

Hollande 2.0, ou l'avènement du Petit Prince.

lundi 8 mai 2017

            Hollande 2.0

Vous avez aimé François Hollande ? Alors vous adorerez le nouveau modèle Macron-Hollande 2.0 : plus libéral, plus européiste, plus mondialiste, avec encore plus de récupération commémorative ! Le MH 2.0 est approuvé par la commission de Bruxelles.

            L’avènement du Petit Prince.

Pour ceux qui auraient manqué quelques épisodes, voici un résumé sous la forme d’un conte pour enfants sages :
« Il était une fois, un royaume qui se portait mal. Ce royaume, c’était le royaume de France, que l’on s’obstinait à appeler « République », mais qui était un royaume comme les autres, où les rois et les nobles étaient élus par le peuple.
Ce peuple était malheureux. Il souffrait du chômage, de la délinquance, et se divisait de plus en plus en communautés hostiles. Les caisses du royaume étaient vides, aussi fallait-il les remplir à toutes forces par moult impôts et taxes qui aggravaient le mécontentement de la plèbe. Les riches marchands se plaignaient fort, et plaçaient leurs intérêts à l’étranger. Leurs enfants, et ceux des nobles, émigraient eux aussi. Le royaume continuait cependant à accueillir des gueux venus de contrées plus infortunées, alors même que l’on ne savait que faire des pauvres déjà présents.
Le roi François achevait son règne de cinq années avec une impopularité telle qu’il ne pouvait décemment plus en solliciter un autre. On ne pouvait retenir de son œuvre que des mesures ayant profondément divisé le pays : le mariage homosexuel, le crédit d’impôts aux riches marchands, une confuse loi Travail, des réformes scolaires mal fichues…Ce roi qualifié de « fainéant » était contesté dans son propre camp par quelques barons frondeurs, menés par les sieurs Hamon et Montebourg. Les barons de droite, relégués dans l’opposition depuis cinq ans, aiguisaient leurs couteaux en attendant l’heure de la revanche.
Les clercs (médiatiques), les savants et les marchands redoutaient deux menaces. A gauche, le Tribun de la plèbe Mélenchon avait créé un Mouvement des Insoumis qui s’en prenait aux riches et remettait en question la place du royaume de France dans le Saint Empire Européen Germanique. A l’extrême-droite, la Méchante Sorcière Marine, fille du Mage Noir Le Pen, montait en popularité, avec le soutien du cruel Empereur de l’Est, Vlad Palpoutine.
Grande était la pitié du royaume de France, et l’on redoutait par-dessus tout qu’il ne suive la voie funeste d’une peste nommée « populisme ».
C’est alors que surgit le Sauveur, le Petit Prince Macron. Il n’était pas de la noblesse électorale, celle qui se voit adoubée par l’onction populaire, mais d’une autre noblesse, celle de la robe administrative. Le Petit Prince, dont le prénom, Emmanuel, signifie « Dieu est avec nous », venait de la petite bourgeoisie de province, et devait à son brillant esprit son intégration à l’aristocratie des Grandes Ecoles et de la Haute Banque. D’autres esprits non moins brillants, conseillers de plusieurs monarques (messires Attali, Minc), riches marchands et membres du haut clergé médiatique, le remarquèrent et favorisèrent son parcours. Le Petit Prince devint à son tour Conseiller, puis Ministre des Finances du bon roi François.
Il fonda son propre mouvement, baptisé « En Marche », avec l’appui de nombreux spécialistes en publicité, activant tous les réseaux à sa disposition. Il était jeune, moderne, parlait bien, pensait bien. « Parce qu’il faut que tout change pour que rien ne change », comme disait l’un des personnages de Lampedusa, le Petit Prince était l’homme providentiel d’un système en péril. Il allait perpétuer la marche en avant déjà commencée, sous les atours d’une « rupture » avec l’ancien Monde.
Le Petit Prince était béni des Dieux de la Politique. Ses adversaires potentiels tombèrent sans même qu’il eût à les combattre.
Les barons de droite éliminèrent les vieux champions Juppé et Sarkozy, au profit d’un Fillon qui paraissait honnête : patatras ! Le Baron de Sablé sur Sarthe s’avéra corrompu, menteur et parjure. Le clergé médiatique s’acharna contre lui, et il était mort avant les élections.
Les barons de gauche se déchirèrent pareillement, se renvoyant tour à tour l’étiquette de traître au monarque sortant –ce qu’ils étaient presque tous- et le champion choisi par leurs sympathisants ne fut pas une bonne affaire. Il s’agissait du Sieur Hamon, adoubé par la piétaille socialiste, mais trahi à son tour par les autres barons, qui lui préféraient déjà le Petit Prince.
La Méchante Sorcière, qui attirait plus de monde que son père, n’était pas vraiment une menace : elle était condamnée depuis longtemps par le Clergé, les Marchands, les Savants et les Troubadours. On racontait partout, d’une voix tremblante, que sa victoire apporterait la Peste, la Famine et la Guerre. Elle joua donc, jusqu’au bout, son rôle d’épouvantail. Ce qu’elle fit fort bien à l’occasion de la joute entre les deux finalistes.
Et il arriva ce qui devait arriver : le Petit Prince l’emporta au 2e tour avec 66% des voix contre 34% à la Méchante Sorcière. On le vit s’avancer vers la foule en délire, la mine pénétrée de son importance, au pied de la Grande Pyramide illuminée du Louvre. Le Petit Prince de 39 ans se muait en Pharaon.
Mais des grincheux faisaient remarquer que l’abstention massive (plus de 25%), le nombre sans précédent de votes blancs ou nuls (11%), rendaient de fait sa victoire très relative. En dépit d’un matraquage de tous les instants visant à terrifier ou culpabiliser ceux qui envisageaient de ne pas voter pour lui, le Petit Prince n’avait rallié qu'une minorité des électeurs inscrits. Il devait ensuite former un gouvernement, se trouver une majorité dans la nouvelle assemblée des Barons, et sortir le royaume du pétrin en l’espace de cinq ans.
Y arrivera-t-il ?

Mais ceci est une autre histoire…

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