lundi 24 avril 2017

Présidentielle : tout se passe comme prévu !

lundi 24 avril 2017 (J+1)

            Présidentielle : les jeux sont faits.

Pour l’instant, tout se passe comme prévu.
Les plus petits candidats, de Lassalle à Cheminade, ont fait les scores symboliques que l’on attendait d’eux, de 1,2 à 0,2%. Merci d’êtres venus ! Nicolas Dupont-Aignan s’en sort honorablement (4,7%), mais sans pouvoir atteindre le seuil nécessaire au remboursement de ses frais de campagne. Benoît Hamon a quant à lui presque battu le record de Gaston Defferre en 1969, celui du plus mauvais score du Parti socialiste (5% à l’époque). Il entrera dans l’Histoire comme « Monsieur 6,3% », ce qui n’est pas si mal.
Fillon et Mélenchon n’accèdent pas au second tour, jouant des coudes à 19,9 et 19,6%, démentant ainsi les folles rumeurs circulant sur le Net d’une 2eme manche se jouant entre ces deux là, ou entre l’un des deux et Marine Le Pen. Celle-ci décroche le meilleur résultat du FN à la présidentielle (21,4%), mais c’est d’être un triomphe. Elle est néanmoins là où on l’attendait, en finale face à Emmanuel Macron (23,9%)
Qu’ils étaient heureux, nos journalistes télé hier soir, en annonçant ces résultats ! Le Petit Prince de la Politique apporte ce vent frais, tout en modernité superficielle, dont ils raffolent. Enfin du neuf, enfin le dépassement du clivage gauche-droite, avec un charmant jeune homme capable d’unifier les libéraux des deux rives ! Toute la classe dominante, mondialiste, européiste et techno-capitaliste se frotte les mains : leur champion anti-populiste ne devrait plus rencontrer d’obstacles dans sa course à l’Elysée. La victoire posthume de Jean Lecanuet.
Hamon et Fillon appellent à voter pour lui pour faire barrage à l’extrême-droite, donnant le ton de ce qui va être la campagne du second tour : une vaste bastonnade médiatique anti-Le Pen, comme en 2002, ponctuée de manifs gauchistes que le pouvoir hollandien finissant se gardera bien de trop réprimer. L’idéal serait que quelques militants frontistes exaspérés ripostent, et l’on pourra achever le tableau en hurlant au péril fasciste (car les victimes ne peuvent être que d’un seul côté).
Macron lui-même est assez malin pour éviter de trop jouer dans ce registre, préférant se poser non en barrage, mais en incarnation d’un nouvel espoir. Il laissera à ses aficionados de la presse subventionnée et aux idiots utiles du libéralisme le soin de « casser du facho ». L’homme providentiel ne veut pas se salir les mains, même si lui ne refusera pas le traditionnel débat de l’entre-deux tours, contrairement à Chirac en son temps.
Il faut néanmoins attirer le chaland, et culpabiliser tous ceux qui seraient tentés par l’abstention. Tous les leaders sortis hier soir ont été priés, bien entendu, d’appeler à voter Macron. Ceux qui ne l’ont pas fait, ou qui réservent leur réponse (Mélenchon, Dupont-Aignan…) sont montrés du doigt comme les vilains de service.
Non pas qu’il y ait péril en la demeure. Les jeux sont faits, ou peu s’en faut. Marine Le Pen ne dispose pas d’une grande réserve de voix. Petit calcul à la louche : si elle récupère 3 points chez NDA, 10 points chez Fillon, 5 points chez Mélenchon (hypothèse haute), elle arrive à peine à 40%. Ecartons d’emblée un providentiel apport des abstentionnistes du 1er tour en sa faveur : s’ils avaient été tentés par Le Pen, ils auraient déjà voté pour elle. Et quand bien même si, par je ne sais quel miracle, la candidate du FN l’emportait, elle serait dans l’incapacité de gouverner, faute d’alliés et d’appuis suffisants dans le monde des affaires et des médias. On voit bien à quel point Trump, « l’homme le plus puissant du Monde », est incapable d’imposer son programme du fait des contre-pouvoirs de la démocratie américaine. Il est en train de « rentrer dans le rang », entre deux gesticulations à l’étranger.
Balayons aussi l’argument idiot entendu partout : s’abstenir, c’est voter Le Pen. Que je sache, c’est aussi voter Macron ! Non, tout le problème tient dans la légitimité du candidat élu. Une participation faible plomberait d’emblée l’aura du Petit Prince (ou de la Méchante Sorcière), qui devra ensuite affronter l’épreuve des législatives…et ce ne sera pas simple.
En ce qui me concerne, je n’ai nulle intention de me laisser manipuler comme un mouton. Je n’ai pas voté Chirac en 2002, et j’en suis fier. Mais j’ai quand même cédé au politiquement correct en allant voter nul. Cette fois, ce sera l’abstention révolutionnaire, histoire de bien faire comprendre à ceux qui nous gouvernent (je ne parle pas de Hollande, marionnette pathétique d’un système décadent, mais de ses donneurs d’ordre plus hauts placés que lui) que moi et bien d’autres ne sommes pas dupes de leurs manœuvres. Quitte à « cracher du sang », comme disait Mélenchon, que ce ne soit pas avec mon consentement !

            Macron, l’anti-Trump.

Comme me l’a fait remarquer ma femme, Emmanuel Macron est presque l’inverse de Trump.
Passons sur une éventuelle comparaison avec Barack Obama : le Petit Prince français est certes un « démocrate » à l’américaine, mais son arrivée au pouvoir n’aurait pas la même portée historique que celle de l’ancien président des Etats-Unis. Etre jeune est moins dur à porter que d’être noir (dans le 1er cas, c’est forcément transitoire).
Cela tient à d’autres détails, somme toute plus superficiels :
-Trump est grossier et misogyne ; Macron est poli et féministe.
-Trump vomit les journalistes qui ne pensent pas comme lui, c’est-à-dire 90% d’entre eux, qui le détestent cordialement ; Macron aime les journalistes, et presque tous l’aiment.
-Trump exhibe son pognon de manière vulgaire ; Macron est nettement plus discret (et il en a moins, faut dire…)
-Trump est un vieux décoloré, qui a épousé une jeunette, ex-mannequin, après en avoir jeté d’autres ; Macron a épousé sa vieille prof de français, son amour de jeunesse…et c’est elle qui est décolorée, pas lui.

Si avec ça, Macron n’est pas élu ! 

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