mardi 13 janvier 2015
La marche républicaine : un
succès…et après ?
Dimanche fut une
belle journée. Près de quatre millions de personnes ont défilé dans toute la France,
dont deux millions à Paris. 60 chefs d’Etats et de gouvernements venus du Monde
entier ( y compris de grands défenseurs de la liberté d'expression comme Ali Bongo), un monde où d’autres manifestations plus ou moins spectaculaires ont
été organisées en solidarité avec la France. Des partis politiques enterrant
provisoirement la hache de guerre, à l’exception d’un FN parti bouder en
province et d’un Jean-Marie Le Pen toujours adepte du dérapage plus ou moins
contrôlé.
Des policiers
acclamés, des Juifs et des Arabes qui s’embrassent…Alleluia au plus haut des
cieux de la République laïque !
Ne boudons pas
notre plaisir, tout cela fut exaltant.
Mais après ?
D’abord, une
première question : les musulmans de France ont-ils massivement participé au
mouvement ? Leurs leaders nationaux et locaux étaient là…mais la base ?
En l’absence de toute statistique, la réponse est difficile à fournir. D’après
certains de mes amis présents dans les différents cortèges, il n’y avait
semble-t-il pas foule du côté des maghrébins. Par ailleurs, maintenant que la
grand’messe est célébrée, les médias télés relaient enfin certaines infos
grinçantes quant à l’attitude de rejet de certains élèves face à la minute de
silence de jeudi dernier, ou à la vague de propos haineux déferlant sur la
toile.
Très vite, nos
empoignades politiciennes vont reprendre, ne serait-ce qu’autour des mesures à
adopter : faut-il un « Patriot Act » à la française, comme le
réclamait avant-hier Valérie Pécresse ? Et pourquoi pas un Guantanamo ?
a répliqué un journaliste. Une fois de plus, des voix s'élèvent (Dany Cohn-Bendit entre autres) pour réclamer un
« grand plan d’aide aux banlieues ». Ce ne sera que le combientième
depuis 1981 ? Et bien sûr, tarte à la crème : « C’est à l’école
que tout se joue ! » Car il est bien connu que jusqu’ici, on
apprenait à l’école publique la haine de l’autre, le fanatisme religieux et l’art
de flinguer son voisin en travaux pratiques.
Dans les
commentaires enflammés qui ont accompagné la marche de dimanche, on a souvent
entendu des comparaisons avec d’autres grands moments d’unanimisme national,
telle que la Libération. Personnellement, un autre m’est venu à l’esprit :
mai-juin 1958.
La mort de la Ive
république et la naissance de la Ve ont eu lieu dans un climat d’inquiétude
pour les uns, d’espoir pour les autres. En Algérie, on filmait à plaisir des
scènes de fraternisation entre Européens et Musulmans, et l’on se prenait à
croire à une Algérie française plus égalitaire.
On sait ce qu’il
en est advenu. La crise algérienne a permis à la France de changer de régime,
et le bradage de l’Algérie nous a permis d’entrer pleinement dans les « Trente
Glorieuses ».
Mais quelle
porte de sortie aujourd’hui ? Quel homme providentiel ? Quel nouveau
régime possible ? Et que faire de six millions de nos concitoyens, dont l’intégration
pose encore problème ?
Une réponse
simple pour conclure, au-delà des grand mots et du politiquement correct :
il me semble que c’est le moment où jamais d’affirmer : « Il y a des lois et des traditions dans
ce pays, et quiconque prétend y vivre, quelles que soient ses origines ou ses
orientations spirituelles, est tenu de les accepter et de les respecter. Sinon,
il est libre de partir. »
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