samedi 8 mars 2014

Journée des femmes, Buisson et Mélenchon



samedi 8 mars 2014

            Journée de la femme : entre délire et régression.

Délire : nos féministes bobos et enragées veulent maintenant un quota de 50% de femmes dans les entreprises de presse, de même que parmi les « experts » qui sévissent sur les ondes. Si c’est pour débiter la même eau tiède sociale-libérale que celle dont nous asperge les oreilles et les yeux en ce moment, je ne vois pas où serait le progrès. Par ailleurs, il est étonnant que nos « chiennes de garde » ne placent toujours pas l’égalité salariale –autrement plus légitime et toujours pas atteinte dans bien des secteurs- en tête de leurs revendications.
Régression : la FIFA vient officiellement d’autoriser les joueuses de foot qui le souhaitent à porter le voile, ou autres gadgets conformes à l’Islam ringard, le seul malheureusement qui ait le vent en poupe aujourd’hui. Que ne ferait-on pas pour « étendre la pratique du football dans le monde » (discours officiel) ? Ou complaire aux bailleurs de fonds du Golfe (vraie raison de cette ignominie) ? Comme le rappelait ce matin l’émission Mediapolis, sur Europe 1, il est par contre toujours interdit d’arborer sur les maillots des emblèmes d’une quelconque organisation humanitaire.

            Mea culpa sur Buisson.

Sur la base d’infos incomplètes et mal digérées, je me suis laissé aller, dans un précédent article, à suggérer que Patrick Buisson aurait été à l’origine des fuites récemment révélées dans la presse. C’était idiot, comme en atteste la lecture des fameux enregistrements diffusés par le Canard Enchaîné : il s’agit bel et bien de propos destinés au seul usage dudit Buisson, tant il y apparaît veule et fayot devant l’homme dont il est en train de trahir la confiance.
Tout cela pour se « couvrir » par la suite, ou préparer un bouquin. Et puis paf, le crétin se fait voler son trésor par un « proche », qui balance le tout aux médias. Coincé par sa propre vilénie, le militant catho réac n’avait pas osé porté plainte, menaçant même Le Point de poursuites à propos de l’existence même de ces enregistrements.
Maintenant, la bombe, ou plutôt, les bombes, se sont mises à exploser. Qui va tirer les marrons du feu ? La gauche se réjouit, le FN se marre, et Fillon peut reprendre espoir : Copé cramé, Sarko malmené…s’il n’est pas trop con, le Sinistre de la Sarthe devrait avoir sa chance en 2017.

            Le rire de Mélenchon.

Jeudi dernier sur France Inter, Jean-Luc Mélenchon est parti d’un grand éclat de rire (un peu forcé quand même). La cause de cette hilarité ? Une question du duo de choc de la bien pensance, Cohen et Guetta, à propos de l’aide merveilleuse de 11 milliards d’euros que l’UE envisage d’accorder en urgence au nouveau gouvernement ukrainien. Le leader du Front de Gauche a répondu en substance : « Tout ce que l’UE peut apporter à l’Ukraine, c’est le sort de la Grèce, des souffrances et des larmes ! »
Tout à fait d’accord, comme avec le reste de l’analyse mélenchonienne de cette même crise. Il faut prendre en compte les intérêt bien compris des uns et des autres, et éviter des surenchères stupides et coûteuses. Le référendum prévu de 16 mars prochain par les pro-russes en Crimée, sur un éventuel rattachement de la péninsule à la « Rodina » (mère patrie russe) est-il une bonne idée dans ce contexte ? Pas vraiment. Mais ceux qui ont soutenu un coup de force contre un gouvernement élu à Kiev peuvent-ils s’opposer à une consultation démocratique lancée par le parlement de Simféropol ?
Dommage que des brillants esprits –sans ironie aucune dans le cas qui suit- tels que Jacques Julliard dans la dernière édition de Marianne, tombent dans le discours unique et caricatural qui règne chez nous sur cette affaire, brodant sur quatre points :
1) l’abominable Poutine n’aurait peur que d’une chose : une « contagion démocratique » de l’Ukraine vers la Russie.
2) son seul rêve serait de rebâtir l’URSS et de relancer la guerre froide.
3) son attitude en Crimée rappelle celle d’Hitler envers les Sudètes à l’époque de la crise tchèque de 1938.
4) malheureusement, les Etats-Unis ne veulent plus cogner, et l’Europe (comprenez l’UE) est trop faible.
A ceci, on peut répliquer :
1) à l’heure d’internet, la fameuse « contagion démocratique » se joue éperdument des frontières. Si les Russes veulent se révolter, ils n’ont nul besoin de l’Ukraine ou du Kazakhstan (qui d’ailleurs critique Poutine davantage que la Turquie, pourtant « protectrice » des Tatars de Crimée). L’intérêt de Vladimir pour l’Ukraine et la Crimée est avant tout stratégique, en réponse à des plans d’extension de la zone d’influence occidentale sur les flancs sud et est de l’ex-empire soviétique.
2) cet ex-empire, Poutine le regrette assurément, en bon ancien KGBiste qu’il est. Et alors ?
De Gaulle était bien nostalgique des « grands rois » de l’Ancien Régime. Quant à relancer la guerre froide, il me semble que l’offensive en la matière a été lancée par Washington au temps de Bush Junior, puis par certaines capitales occidentales, dont malheureusement la nôtre. En l’occurrence, heureusement qu’il y a l’Allemagne pour savoir raison garder.
3) la comparaison avec Hitler est tellement éculée que l’on aurait envie de la balayer d’un revers de main. Nasser en 1956, lorsqu’il avait nationalisé le Canal de Suez, avait eu droit au même traitement de la part des aboyeurs de Paris et Londres. Mais attardons-nous un instant là-dessus, quitte à choquer un peu. Qui était vraiment responsable des revendications allemandes, entre 1938 et 1939 ? Hitler et les Nazis ? Le pangermanisme ? Ou les auteurs du Traité de Versailles, qui n’ont pas appliqué convenablement leurs beaux principes du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, en refusant aux Allemands de constituer un véritable Etat-nation sur des bases démocratiques ?
4) Les Etats-Unis, et c’est une bonne chose, semblent effectivement de ne plus vouloir se mêler de tout et entendent faire des économies sur leur énorme budget militaire. Les Européens vont devoir en tirer toutes les leçons, et assumer eux-mêmes leur défense. Ils n’y sont pas prêts, c’est un fait. Raison de plus pour ne pas provoquer Moscou ! Quant à bâtir une nouvelle défense européenne, vieux chantier toujours en cours, encore faudrait-il s’entendre sur la stratégie et la diplomatie qui vont avec. En termes de civilisation et d’intérêts, les Russes sont nos cousins et non nos ennemis. On n’est pas obligé d’être toujours d’accord avec eux, mais les attaquer serait stupide et criminel.

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