mercredi 10 avril 2013

Ce que l'on doit à Miss Maggie



mercredi 10 avril 2013

            Ce que l’on doit à Miss Maggie.

Margaret Thatcher vient de couler une bielle. Une surprise ? Pas vraiment, au vu des nombreux documentaires et du film biographique diffusés sur nos écrans depuis deux ans, consacrés à sa vie et son bilan fort contesté. L’opinion britannique reste très divisée, au point que les funérailles nationales ne seront pas accordées à celle que l’on adorait détester.
Personnellement, j’ai eu des avis divergents sur cette dame, au fur et à mesure qu’évoluaient mes propres opinions. Aujourd’hui, pour faire simple, cela tient en quelques mots, et quelques questions clés :
-Une femme d’Etat ? Et comment ! A côté d’elle, pas mal d’hommes politiques européens peuvent aller se rhabiller. En France, depuis De Gaulle, on pas eu plus vigoureux.
-Son idéologie ultralibérale ? Ce qui me débecte le plus dans son œuvre. Globalement, si certaines réformes étaient nécessaires, le fond de sa politique économique et sociale a été effroyable.
-La guerre des Malouines ? A l’époque, je soutenais les Rosbifs à 100%. Ils étaient dans leur droit, et la réaction militaire de Thatcher a permis de faire chuter la dictature argentine. Je n’ai pas varié d’un iota depuis. Probablement ce qu’elle a fait de mieux en politique.
-Son intransigeance face aux nationalistes irlandais ? Avis mitigé. Pouvait-on être sympa avec des gens qui avaient assassiné une grande figure nationale comme Lord Mountbatten ? Mais la lutte de l’IRA n’était pas sans fondement non plus. Fallait-il laisser crever Bobby Sands ? J’avoue que dans cette affaire, j’essaie de comprendre les uns et les autres. Joker !
            En fait, ce que l’on doit à Miss Maggie tient à autre chose :
1)      Elle a définitivement prouvé aux hommes que les femmes peuvent être plus « couillues » qu’eux.
2)      Elle a prouvé aux féministes niais que l’arrivée de femmes au plus haut niveau de l’Etat ne changeait rien à la nature du métier politique : pas plus de douceur, d’empathie, et toutes ces conneries…ce métier ne peut être fait sans état d’âme que par des brutes, des saligauds ou de froids calculateurs.
3)      Elle a permis de révéler le machisme féroce sévissant dans les rangs d’une certaine « gauche morale », qui lui ont tiré dessus à boulets rouges en employant un vocabulaire ordurier, et déballant des préjugés des plus conservateurs : cf Renaud et sa chanson Miss Maggie : « Quand arrivera l’heure dernière […] je me changerai en chien, […]et comme réverbère quotidien, je choisirai Madame Thatcher » ou « Femme je t’aime surtout enfin, pour ta douceur et pour tes yeux… »
On dirait les arguments déployés par la gauche française en 1919, pour s’opposer au droit de vote des femmes : « La femme est faite pour être séduite et être mère ». Leur donner le droit de vote serait « un saut dans l’inconnu », et une « violation des lois humaines ! » (cf rapport d’Alexandre Bérard, Sénateur de l’Ain, membre de la Gauche Démocratique, 3 octobre 1919). A l’époque, il est vrai, cette même gauche redoutait surtout que les femmes ne votent trop à droite.
Une note marrante pour finir. Sur la page du Monde.fr qui annonçait le décès de Maggie apparaissait le titre d’un article scientifique en tête des plus lus, intitulé :
« Faut-il ressusciter les espèces disparues ? »

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