dimanche 20 novembre 2011
La guerre est déclarée.
Ce n’est pas le titre d’un film récent, qui a paraît-il fait rire et pleurer toute la France (sauf moi, puisque je ne l’ai pas vu). C’est à la mode, d’ailleurs, de montrer au bon peuple des « drames du quotidien » qui finissent bien : mon gosse a une grave maladie, mon couple se crashe, mais happy end quand même. Dans la même veine, avec un comique plus gras, Intouchable fait se gondoler les handicapés eux-mêmes : les handicapés sociaux, incarnés par un Noir venu des « cités », les handicapés physiques, incarnés par un tétraplégique plein aux as. Admirez la symbolique, le chassé-croisé des situations, le bon vieux refrain de l’argent qui fait pas le bonheur, etc…
Et surtout ne regardez pas trop ce qui se passe réellement en-dehors des salles obscures, où la vraie guerre est déclarée.
Cette guerre, c’est celle de la technocratie alliée aux marchés contre les peuples.
En France, la démolition des acquis sociaux s’accélère sous les coups de boutoirs d’un sarkozysme à l’agonie, qui n’a rien de plus pressé que de faire rendre gorge aux assurés sociaux. Les mêmes vieilles ficelles de division entre salariés du privé et du public sont tirées à nouveau sans peur de les rompre.
Chez nos voisins européens « dégradés », des gouvernements dirigés par des créatures de Goldman Sachs adoubées par Bruxelles et la BCE ont pris les commandes et annoncent clairement leur intention d’en finir avec le modèle social dont l’UE se gargarisait lors de sa fondation pour se légitimer aux yeux des opinions publiques. Vous y avez cru, tas de cons ? Vous boirez le calice jusqu’à la lie !
Mais on a le droit de vote, pas vrai ? On va s’en servir, non ?
S’en servir comme en Espagne, où des millions d’andouilles semblent prêts à mettre au pouvoir un PPE au programme encore plus régressif que celui du PSOE sortant ? Les Portugais ont fait de même il y a peu, et les Italiens plébiscitent dans les sondages la clique de Mario Monti.
Reste la France, et la perspective d’une victoire de François Hollande. Et si le CAC s’entichait de lui, comme le suggère Marianne ? Le même hebdo, dans son numéro précédent, révèle que le candidat « socialiste » compte parmi ses conseillers Emmanuel Macron, de la banque Rothschild et des économistes bien comme il faut comme Elie Cohen, Philippe Aghion et Thomas Philippon.
Autre fait révélateur : parmi les candidats « anti-système », seule Marine Le Pen jouit d’une véritable couverture médiatique. Jean-Luc Mélenchon, qualifié de « Le Pen de gauche », est quasiment absent de nos lucarnes et des pages de grands journaux. Bizarre, non ?
La guerre est déclarée, mais seul le peuple grec semble l’avoir vraiment compris.
Astérix, Babar, Merlin l’enchanteur et Conan le Barbare.
A l’UMP, les éléments de langage ont du plomb dans l’aile. Les fayots du Président parlent trop vite, ce qui a le défaut de révéler leur inculture crasse.
D’abord, c’est l’ineffable Luc Chatel, préposé à la démolition en douceur de l’Education nationale, qui se fend d’une comparaison maladroite entre Babar (Hollande) et Astérix (Sarkozy). Petit rappel : Babar, roi des éléphants, est un bon monarque régnant gentiment sur un peuple heureux et prospère. Il est courageux quand il le faut, mais n’use jamais de violence gratuite, qu’elle soit verbale ou physique. Astérix, en revanche, est un petit guerrier bagarreur, aux ordres d’un chef assez ramolli (Abraracourcix). Babar : 1, Astérix : 0.
Petit et bagarreur, ce sont les seuls qualificatifs qu’Astérix et Sarko ont en commun. Pour le reste, les deux personnages divergent fortement : Astérix est honnête, fidèle en amitié, n’est pas fasciné par l’argent, résiste courageusement à la puissance dominante (Rome). Lisez ça à l’envers, et vous aurez un assez bon portrait de Nicolas Sarkozy.
Ensuite, c’est Yves Jégo qui s’y colle –et se ramasse- avec ceci : « Qui est le plus apte à protéger [les Français] des ennemis, Merlin l’enchanteur ou Conan le Barbare ? »
Premier problème, qui joue qui dans cette histoire ? A vue de nez, le plus effrayant des deux étant Conan –et Merlin étant un grand magicien, autrement plus efficace-, on peut avoir des doutes. Mais partons du postulat que Jégo n’y connaît rien, et considère que Conan est un héros plus concret que Merlin, assimilé à un imposteur et un marchand d’illusions (Hollande, bien sûr). Là encore, zéro pointé pour la comparaison : Conan est avant tout un anarchiste, qui se méfie comme la peste des systèmes politiques trop sophistiqués, méprise les politiciens, les prêtres et les marchands. Il ne fait aucune concession, et vole souvent au secours des plus faibles en affrontant les plus forts. S’il finit roi d’Aquilonie, c’est un peu par hasard, et il gère finalement mieux son royaume que bien d’autres « grands » qui n’ont vécu que pour cela.
Dans cet esprit, l’enchanteur, ou plutôt le prestidigitateur, c’est évidemment Sarkozy, qui veut sans cesse nous faire croire qu’il accomplit des miracles alors qu’il ne fait que pédaler dans la choucroute.
Sarkozy contre Hollande, c’est plutôt Garcimore (en méchant) contre Nounours. Permettez que je n’opte, au 1er tour du moins, pour aucun de ces histrions. Nous n’avons hélas ni Babar, ni Astérix, ni Merlin, ni Conan en magasin…alors qu’il nous faudrait au moins ces quatre-là pour nous sortir de l’ornière !
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