dimanche 12 octobre 2008

Crise de leadership

dimanche 12 octobre 2008

« Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » La question revient comme un leitmotiv dans tous les éditoriaux de nos médias. La crise financière, que tous les spécialistes sérieux prédisaient depuis longtemps, semble faire perdre la boule à nos leaders. Sarko, comme d’habitude, fait du Sarko : il s’agite, promet, menace, tout cela sans grand effet, sinon une fois de plus d’attirer l’attention sur sa petite personne. C’était d’ailleurs là l’essentiel à ses yeux.
Quant aux autres leaders politiques mondiaux, ce n’est pas brillant : Bush finissant ne pèse plus rien, et les Etats-Unis sont en roue libre jusqu’en novembre (voire janvier, pour la prise de fonctions du nouveau président). Gordon Brown est au fond de la mine, Berlusconi fait du Berlu (comme Sarko fait du Sarko), Angela Merkel redécouvre les fondamentaux de la Grande Allemagne (« Deutschland über alles », et pour le reste allez vous faire foutre)…la belle Europe que voilà ! Et quand certains voient enfin l’occasion de remettre en cause les stratégies libérales et monétaristes de l’UE, c’est la levée de boucliers : ah non ! Les Etats devront mettre la main au pot, mais uniquement pour sauver les banques. Quant à la crise, finalement tant mieux : cela facilitera les fusions d’entreprises que d’autres appellent de leurs vœux, cela fera taire les revendications des salariés terrorisés, et jettera un voile pudique sur l’achèvement de la destruction des services publics en France.
Nos économies, surendettées et en passe d’être ruinées, mal défendues par des Etats qui ont anéanti leurs prérogatives au nom de la « mondialisation heureuse », seront une proie facile pour les prédateurs des pays émergents, les fameux fonds souverains. L’Occident, syndic de faillite racheté par la Chine, l’Inde, les pétro-monarchies du Golfe et la Russie. Ainsi mourut en son temps l’Empire romain, pourri de l’intérieur, achevé par les barbares. Mais il n’y aura pas d’Aetius pour tenter de sauver l’honneur. Nous sommes comme les humains dégénérés du roman de Pierre Boulle, La Planète des singes…incapables de nous défendre. Et ceux qui viendront nous soumettre n’auront pas besoin d’armes : des fouets suffiront.

La réforme du lycée.

Et une de plus, évidemment aussi démagogique qu’inconséquente. Darcos a trahi ceux qui croyaient voir en lui un restaurateur d’une certaine exigence républicaine. Les problèmes de fond, à traiter en amont (primaire et collège), sont niés ou minorés : ce sera au lycée de remédier, en aval (avec le supérieur, à qui nous enverrons nos petits génies sans délai), aux multiples carences de nos élèves. Tout cela bien sûr au nom de nobles principes : « ne plus laisser personne au bord du chemin », etc…Et nos chefs d’entonner leur refrain nauséeux contre l’élitisme, la dictature des filières, et l’inutilité de nous occuper davantage des « bons élèves » (rebaptisés « favorisés » , ce sont les aristos, ou les koulaks du XXIe siècle) Ceux d’entre eux qui n’auront pas de ressources suffisantes à la maison rejoindront la masse des médiocres. Les autres nous seront retirés par leurs parents écoeurés, et confiés à des établissements privés (ou des bahuts publics à options « exotiques », dans les grandes villes), où l’on continuera à valoriser le travail et la culture. Ils y retrouveront les enfants de nos « réformateurs », qui se garderont certainement de laisser leur progéniture exposée aux conséquences de leur incurie.
Les Etats-Unis auront ainsi achevé leur colonisation de l’Europe, par le biais de technocrates libéraux, obsédés par la culture du chiffre et un jeunisme décadent, soumis à une loi du marché dont on mesure aujourd’hui tous les effets négatifs. Nous sommes au bord du gouffre, alors sautons !

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