samedi 16 janvier 2010

T’as-t-y été à Haïti ?




Haïti écrasée, Haïti outragée, Haïti humiliée, mais Haïti…libérée ? Heu, non pas vraiment. Depuis la proclamation de la République noire d’Haïti, en 1804, il est de bon ton de dire que ce pays n’a jamais eu de chance, qu’il ne s’est jamais remis de la terrible période esclavagiste et des guerres impitoyables qui y ont mis un terme. Terme tout relatif, puisque parmi les premiers décrets passés par Toussaint Louverture et ses successeurs, figurait celui obligeant les anciens esclaves à retourner travailler dans les plantations –du moins celles qui subsistaient- dont les maîtres n’avaient fait que changer de couleur. Il fallait bien faire rentrer de l’argent, pour financer les dépenses somptuaires de la longue série de dictateurs noirs ou mulâtres qui allaient régner sur la partie occidentale de Saint-Domingue…et aussi payer un dédommagement à la France pour les pertes subies. Cette colonie représentait quand même 1/3 de nos revenus coloniaux en 1789 !
Haïti, avant le séisme était classée 201e sur 230 pays pour le PNB/habitant (480 euros, contre 36 000 chez nous), avec une espérance de vie de 52 ans (80 ans en France). C’est le seul PMA (pays moins avancé) d’Amérique. Les exportations sont faibles, l’économie peu productive, et le pays ne s’en sort que grâce à l’aide internationale devenue massive depuis 2005 : ONU, UE, Banque mondiale, ou assistance vénézuélienne dans le cadre du programme Petrocaribe d’Hugo Chavez. Si un jour Haïti fut une terre de bonheur pour presque tous ses habitants, ce devait être à l’époque des Taïnos !
L’effroyable tremblement de terre de mercredi a ravagé une bonne partie de ce que les bonnes volontés locales et étrangères étaient en train de bâtir. Pas de bol, pour sûr, mais cela ne doit pas nous interdire de nous interroger sur une telle misère, qui fait fuir depuis longtemps de nombreux Haïtiens à l’étranger.
Sans rentrer dans les détails de l’histoire du pays, une évidence s’impose : Haïti fut le 1er pays africain (par sa population dominante) à être décolonisé. Il est aujourd’hui l’un des plus pauvres. La Namibie, en Afrique même –qui comporte encore une importante minorité blanche- est le dernier pays africain à avoir été décolonisé (en 1990). Il est aujourd’hui parmi les plus développés d’Afrique. Faut-il vous faire un dessin, où y en a-t-il encore qui croient sérieusement que la colonisation fut un désastre ?
Je me souviens d’une assez bonne blague racontée par une correspondante anglaise de ma sœur, il y plus de vingt ans. Un astronaute revient sur Terre après un voyage dans l’espace, et annonce, bouleversé, qu’il a vu Dieu. On lui demande : « Alors, comment il est ? » Et il répond : « Elle est noire ». Astucieux, mais l’état du Monde actuel laisse penser que le bon Dieu est encore bien blanc…


            Maurice Allais.
Le vieil économiste a fini par recevoir quelques honneurs républicains. Il serait peut-être temps que nos dirigeants se penchent sur son œuvre, réquisitoire implacable contre la mondialisation libérale telle qu’on l’a menée depuis vingt ans. En tout cas, tout ce que j’ai lu de ce monsieur était clair et frappé au coin du bon sens.
           
Philippe Manière.
Nous ne sommes pas du même bord, mais il s’insurge à juste titre contre l’idée idiote (reprise à l’Elysée) de vouloir mesurer le « bonheur humain ». Et puis quoi encore ? Au-delà des dérives totalitaires que cela suppose, on voit pointer la magouille : plutôt que de se concentrer sur les défis fondamentaux -emploi, couverture sociale, qualité et moyens des services publics, vraie protection de l’environnement- les technocrates qui nous gouvernent vous nous refiler des méthodes pour être heureux ! Le bon vieux « behaviourisme » ricain est de retour, avec sa cohorte de pensées « positives »…Non merci !

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