vendredi 14 juin 2024

Fuite en avant

 

Vendredi 14 juin 2024


Fuite en avant.


C’est un moment solennel. Sanglé dans un costume couleur CIA, sa vraie tenue de travail, l’agent Triple Zéro, nom de code « Petit Prince », plus connu du grand public sous le nom d’Emmanuel Macron, faisant fonction de Président de la République Française, satellite déclinant de l’Empire Américain, s’adresse aux Français.

Nous sommes au soir du dimanche 9 juin 2024. Le verdict des urnes est tombé pour les élections européennes. 31,5 % pour le RN mené par Jordan Bardella. l’homme à abattre de cette campagne, puisque incarnant le Mal absolu, cette horreur indescriptible appelée...comment le dire ou l’écrire sans se sentir sale ? Bon, allez, beurk, je me lance : la « souveraineté nationale ». 31,5 %, c’est plus du double du score de la liste Renaissance de Valérie Hayer, fleur de bureau 100 % européiste, jetée dans la mêlée faute de poids lourds volontaires dans le camp présidentiel. Cette campagne fut un chemin de croix pour la pauvre créature, à laquelle fut infligée l’humiliation de diverses interventions de « soutien », du sémillant Premier Ministre Attal (agent Double zéro, nom de code « Merle Bavard », faisant fonction de Premier Ministre après un petit numéro d’esbroufe à l’Éducation Nationale) au Président lui-même.

Tout fut pourtant fait pour éviter cette branlée historique : agitation du péril russe, commémorations à haute dose de la 2e Guerre Mondiale, dont celle du D-Day, ce jour béni qui vit notre bon maître américain mettre la main sur l’Europe. Mais ces crétins d’électeurs n’ont pas compris le message ! Les forces du Mal sont arrivées en tête dans presque tous les départements de France, la vague brune n’épargnant que quelques îlots urbains de civilisation progressiste. Et dans le reste de l’UE, c’est plus ou moins le même phénomène, horreur, malheur ! Certes, cela n’aura aucune conséquence sérieuse sur le fonctionnement du « machin » européen, mais quand même, ça fait désordre.

Le bilan de notre Petit Prince y est sans doute pour quelque chose. Mais comment peut-on reprocher à cet agent d’élite de ne pas avoir accompli sa mission ? L’Opération Déconstruction a connu sous son mandat (et demi) de spectaculaires avancées dans tous les domaines. La France menace ruine, son État est en faillite, son territoire échappe peu à peu à tout contrôle des autorités, qu’il s’agisse des banlieues ou de l’Outre-Mer. Ses frontières sont des passoires, et son pré carré africain se réduit comme peau de chagrin, à l’image de son poids dans le monde. D’autres projets fabuleux ont été lancés pour achever de casser la baraque, comme ces merveilleux Jeux Olympiques, ou l’idée d’envoyer des troupes au sol en Ukraine. Peut-on sincèrement faire mieux pour couler le pays ?

Et bien oui ! L’agent Triple Zéro vient d’en faire la démonstration en décidant de dissoudre l’Assemblée Nationale, pour des élections aussi anticipées que précipitées, qui auront lieu les 30 juin et 7 juillet. Cela va poser de gros problèmes d’organisation, juste avant l’ouverture des JO, mais qu’importe. L’essentiel n’est-il pas de foutre le bordel ?

Bordel à droite, d’abord, avec des LR (7,3 % aux Européennes) déchirés entre la tentation d’une alliance avec le RN (Ciotti ayant franchi le pas le 11 juin au grand dam de son bureau politique) et la vieille posture usée jusqu’à la corde de la « vertu républicaine ». Côté « patriotes » , Zemmour et Maréchal (5,5%) appellent à l’union des droites, seul moyen de l’emporter. Mais c’est pour divorcer aussitôt !

Bordel à gauche, ensuite. Évidemment, la bonne vieille menace fasciste peut encore être agitée par la plupart des leaders en panne d’imagination. Mais comment rallier un « peuple de gauche » quand la gauche a vomi le peuple et que celui-ci, dans sa composante de souche européenne, vote massivement RN ? L’idée du Front Populaire de François Ruffin a finalement été acceptée, mais elle sent la naphtaline, avec de forts relents d’antisémitisme alimentés par la guerre de Gaza. C’est le mariage de la carpe et du lapin, avec le social-libéral liquide Glucksmann (14%), les enragés de LFI (9%) et les écolos (5%). Tous ces héroïques antifascistes ont finalement pondu, à la Maison de la Chimie, lieu idéal pour concocter les tambouilles, un programme passablement délirant : suppression de plus ou moins toutes les réformes macroniennes, une bonne pincée d’européisme, un soutien à l’Ukraine, la reconnaissance de la Palestine, une mention du caractère terroriste des attaques du Hamas du 7 octobre dernier, hausse du SMIC à 1600 euros, j’en passe et des meilleures. Vous auriez pas la légalisation du shit, aussi ? En tout cas, Hollande suit le mouvement : la gauche est sauvée !

La stratégie du Petit Prince, s’il en a vraiment une, repose sur un vieux principe : « moi ou le chaos ». Car deux possibilités se présentent à l’issue des prochaines législatives :

-on repart avec le même schéma qu’en 2022, soit trois blocs, parmi lesquels le centre macronien sortirait renforcé en profitant d’une intense campagne de diabolisation des « extrêmes », et en surfant sur la violence des uns ou des autres pendant les trois semaines à venir. On peut compter sur les gauchistes pour être, une fois de plus, les idiots utiles du système. Cela a déjà commencé avec le saccage de bars accusés d’accueillir des réunions « d’extrême-droite ». Une majorité pourrait peut-être se former en ralliant les débris de LR et quelques opportunistes du centre-gauche.

-une victoire des droites, qui mettrait Macron en cohabitation avec le RN, sans doute première formation sortant des urnes. Cela permettrait de confier quelques miettes de pouvoir à un parti qui ne l’a jamais exercé au niveau national, sans qu’il puisse rien faire du fait des contre-pouvoirs qui paralysent notre démocratie, mais tout en lui faisant porter le chapeau des problèmes qui ne manqueront pas de survenir, à commencer par un déferlement de violence des islamo-gauchistes. Après, quelques mois de pagaille, le Petit Prince démissionne, et profite de l’intérim précédant les élections présidentielles suivantes pour pouvoir se représenter en homme providentiel sans même avoir à changer la Constitution. Il revient en force, décrète l’état d’urgence et achève son boulot de mise au pas du village gaulois.

Un plan dingue, me direz-vous. Un jeu très dangereux pour un pays déjà bien fragile. Mais Triple Zéro ne doute de rien, c’est à ça qu’on le reconnaît. Juste une question : est-il encore sous contrôle ?

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