mercredi 8 mai 2013
Triste
bilan.
Ce n’est pas
tant au bilan de Hollande que je songe en cette période d’anniversaire de son
arrivée au pouvoir, celui-ci étant quasiment nul pour l’heure, mais au résultat
de trente années de même politique social-libérale, ou libérale-libertaire.
Depuis 1983, en gros, nos gouvernements successifs ont joué au même jeu, avec
les mêmes cartes, face à des adversaires internationaux présentés comme des
partenaires forcément sympathiques. Nous croyions jouer à la belote avec de bons
voisins, alors que ceux-ci jouaient au poker menteur.
Aujourd’hui, le
tableau est bien sombre : les licenciements massifs se poursuivent, la
classe politique est totalement discréditée : Hollande impuissant, réduit
à demander à sa ministre Fleur Pellerin de séduire les jeunes patrons après
avoir tout cédé aux banques et au Medef ; la « gauche morale »
explosée par les affaires Strauss-Kahn et Cahuzac ; la droite chahutée par
les mensonges de Claude Guéant, visiblement résigné à payer –fort
maladroitement- pour son maître Sarkozy, dont on ne cesse de nous annoncer le
« retour ». De vaines polémiques occupent le bon peuple –le mariage
gay, en attendant le vote des étrangers- tandis que les déficits se creusent et
que les inondations ravagent l’Yonne et la Haute Marne…en attendant un remake
de la grande crue de 1910 à Paris ?
Pour y voir
clair dans ce chaos, grand coup de chapeau à Emmanuel Todd, qui apporte à la
récente polémique sur la germanophobie (la deuxième en un an) une contribution
fort utile. Ce n’est pas tant à Angela Merkel qu’il faut s’y prendre, selon
lui, mais au patronat allemand et à ses complices : la BCE, les banques
françaises et leurs exécutants (inspecteurs des finances, Bercy, Moscovici). A
la fonction exercée par François Hollande dans son excellent organigramme, Todd
indique cruellement : « rien ». Une marionnette, un pantin,
l’ectoplasme social-libéral que je vilipendais dans une chronique plus
ancienne.
Emmanuel Todd
rappelle deux évidences, auxquelles j’ajoute quelques commentaires personnels :
-l’Allemagne a mené l’Europe à l’abîme deux
fois depuis 1914. Est-elle en train de récidiver, prise au piège de son
« hubris » économique ? A chaque fois, des puissances non
européennes ont tiré les marrons du feu, tant la nature géopolitique a horreur
du vide. Les Etats-Unis, la Russie, la Chine…Le nouveau suicide européen
orchestré par Berlin sera-t-il le dernier, ou un réveil des peuples fera-t-il
mentir les sombres pronostics ?
-la crise et les récents scandales ont
« mis à nu » l’oligarchie au pouvoir en France et ses petites
magouilles. Si les citoyens français s’en accommodent et reconduisent les
mêmes, c’est que la décadence est bien là. Une étude de Publicis tendrait à
« prouver » que nos concitoyens, « lucides et courageux »,
« approuveraient » ou jugeraient « inéluctables » les
réformes –comprenez les reculs sociaux- que l’UMPS lui fait avaler depuis
quelques années. Faut-il confondre résignation et adhésion ? Pour
l’instant, nous avons trop à perdre pour nous rebeller autrement que de manière
symbolique et gentillette : les « indignés » et autres
« alternatifs », partisans d’une VI eme République à la Mélenchon,
électeurs du FN.
Une fois de
plus, il faudra une immense catastrophe pour que les Français se réveillent et
qu’une nouvelle génération moins corrompue prenne le pouvoir.
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