dimanche 23 novembre 2008

Comment tuer médiatiquement un mouvement social : la leçon par France 2

Le 20 novembre, presque tous les syndicats enseignants appelaient à faire grève et à manifester contre la politique éducative du gouvernement, et notamment sa fumeuse réforme du lycée. Le mouvement fut, semble-t-il, assez bien suivi. Comment faire pour l’écraser médiatiquement ? Le journal du soir de France 2 fut exemplaire de servilité sarkozyste :

1) Commencer par un sujet bien croustillant qui intéresse tout le monde ; par exemple la traque d’un vilain pervers ayant attiré une pure jeune fille dans ses bras. La môme était consentante ? Qu’à cela ne tienne, on embraye sur un sujet proche, la pédophilie. Y passer dix bonnes minutes.

2) Après seulement, aborder la colère des enseignants. Ne pas trop creuser. Le sujet, il est vrai, est complexe. Quelques images de manifs, avec commentaires appropriés (« un mouvement moins suivi que les précédents ») puis lancer très vite la question du service minimum à l’école, grand souci des usagers. Fustiger les communes qui ne respectent pas la loi. Conclure sur le Ministre Darcos en visite dans une école, le laisser commenter la journée et saisir ses meilleurs propos aux enfants : « Soyez bien sages ! » Au total, entre cinq et dix minutes.

3) Passer à autre chose… « bonne nuit les petits », par exemple ?


La nuit du déchirement.

Un beau titre pour la série des Mystères de l’Ouest, mais cela n’est qu’un épisode de plus de l’histoire mouvementée du PS. Drôles de dames aurait pu aussi convenir. Ou Une poignée de voix…Martine dit qu’elle a gagné (avec quelques clopinettes d’avance). Ségolène dit qu’elle a triché, et qu’il faut rejouer. Pendant que les poules se piquent le bec, le petit Nicolas rigole.

Dans cette affaire, je suis partagé entre le rire et une très légère affliction. Le rire, on aura compris pourquoi. L’affliction, à cause du plaisir que cela fait à la droite au pouvoir, dont certains font semblant de pleurer : « comme c’est triste pour la démocratie ! » Tu parles…Certes, l’UMP n’a pas de leçon de démocratie à donner au PS. Mais les accusations de fraude que s’envoient les factions en présence sentent plus les magouilles féodales que l’air pur de la République des citoyens. Faudra-t-il des observateurs internationaux pour le prochain scrutin interne au PS ?

En attendant, pour qui aurais-je voté si j’avais été encore dans cette galère ? Hamon au 1er tour, mais après ? Martine Aubry, c’est la vieille coalition de l’époque jospinienne…Non !

Ségolène Royal ? Pour les idées, soit, mais le charisme ? A moins qu’elle ne fasse encore de gros progrès (se faire refaire la voix, par exemple), elle reste dramatiquement mauvaise dans ses interventions publiques. Quant à ce qu’elle donnerait aux commandes du pays…

Quoiqu’il en soit, si le PS doit exploser, qu’il le fasse maintenant. Il lui reste encore quatre ans (mettons trois) pour repartir à l’assaut du pouvoir. Autant tout casser et tout refaire, comme chantait l’autre, plutôt que de décoller poussivement et de s’éparpiller en vol face à la machine de guerre sarkozyste.

Une bonne nouvelle quand même : le lancement d’un nouveau parti, « Debout la République », du sympathique Nicolas Dupont-Aignan. Bonnes idées, chef digne de ce nom. Que n’a-t-il le budget de l’UMPS ! Bon vent quand même…

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